Histoires-du-Canada

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HISTOIRE DES AMÉRINDIENS DU QUÉBEC


Territoires et sociétés autochtones vers 1745

Les Premières nations ont vu leur nombre et leur territoire diminuer sans cesse depuis leurs premières rencontres avec les Européens. Tous les aspects de leur vie ont été bouleversés. Ils ont fourni l’aide et l'espace nécessaires à la venue de nombreux immigrants européens pour ce qui allait devenir le Canada. L'histoire de cette rencontre et de ses suites permet de mieux comprendre les difficultés qu'affrontent les Autochtones aujourd’hui, ainsi que leurs aspirations et leurs revendications actuelles. C'est pour eux la fin d'une époque.

La Proclamation royale de 1763

À la suite de la défaite de la Nouvelle-France, en 1760, les Autochtones qui étaient alliés aux Français concluent des ententes avec les Britanniques. Ces Amérindiens deviennent neutres et sont considérés comme des amis. Les Britanniques leur promettent qu’ils pourront conserver leurs terres et leurs coutumes, commercer avec eux et exercer la religion qu’ils ont apprise des Français.

En 1763, la guerre entre la France et la Grande-Bretagne est bien terminée. La France cède toutes ses possessions en Amérique du Nord à la Grande-Bretagne (sauf les îles Saint-Pierre et Miquelon et ses droits de pêche à Terre-Neuve). La même année, une proclamation du roi George lll d’Angleterre reconnaît l’existence d’un territoire indien. C’est la Proclamation royale de 1763. Le territoire indien couvre une vaste étendue située entre les montagnes Appalaches et le fleuve Mississippi. En agissant ainsi, le roi souhaite conserver de bonnes relations avec les anciens alliés des Français. Il veut aussi s’assurer leur appui militaire en cas de guerre, sinon, qu’ils resteront neutres.

La Proclamation royale du roi George III d'Angleterre n'intègre pas les Autochtones comme des sujets britanniques, mais comme des alliés. Elle oblige les colonies britanniques à obtenir des Autochtones des cessions de droits sur leurs terres avant d'en faire la colonisation.

Des terres réservées
Personne n’a le droit de s’installer sur le territoire réservé par la Proclamation royale de 1763 sans l’accord des Autochtones et du roi d’Angleterre. Les Autochtones ne peuvent céder leurs droits territoriaux qu’au gouvernement et cela en échange d’une compensation déterminée par négociation. L’occupation d’un territoire autochtone, qui n’a pas déjà été cédé par eux au gouvernement, est donc considérée illégale.

Malgré la protection accordée aux terres autochtones, le gouvernement se garantit un accès à ces terres pour les coloniser. Effectivement, les colons débordent rapidement sur le territoire indien. Quelques années à peine après la Proclamation royale, des colons s’installent sur des terres situées en plein territoire réservé aux Autochtones. Les empiètements sur les terres amérindiennes vont se poursuivre par la suite. La frontière ouest, délimitée par la Proclamation royale, ne cessera pas d’être repoussée plus loin afin de donner accès à de nouvelles terres pour la colonisation. 

En 1774, l'Acte de Québec étend les frontières du Québec (Bas-Canada) vers le nord, jusqu'au Labrador, et vers le sud, jusqu'à la rivière Ohio. Cet acte constitue un empiètement massif sur le territoire réservé aux Autochtones par la Proclamation royale de 1763.

La Proclamation royale de 1763 est toujours très importante en ce qui concerne les droits territoriaux et les revendications autochtones. En 1973, une injonction est accordée aux Cris, par le juge Malouf de la Cour suprême, afin d'arrêter la construction des barrages hydroélectriques sur leur territoire. La décision du juge repose alors sur les droits accordés aux Autochtones par la Proclamation royale de 1763. Peu de temps après, le jugement est renversé, mais le gouvernement québécois doit négocier avec les Cris. Les négociations mènent à une entente entre les Cris, les Inuits et les gouvernements du Québec et du Canada : la Convention de la Baie James et du Nord québécois.

La Loi sur les Indiens

Au moment de la Confédération canadienne, en 1867, toute la juridiction sur les Affaires indiennes est attribuée au gouvernement fédéral. Le gouvernement a le pouvoir de faire des lois et des règlements sur toutes les questions liées «aux Indiens et aux terres réservées pour les Indiens. En 1876, le gouvernement décide de regrouper toutes les lois concernant les Autochtones pour n’en former qu’une seule : l’Acte des Sauvages. Cela donne naissance à la Loi sur les Indiens.
L'administration des affaires indiennes au Canada est encore aujourd’hui basée sur cette loi adoptée en 1876. Elle était pourtant considérée comme temporaire puisqu’elle visait l'assimilation des Autochtones à la société blanche. L’agent des affaires indiennes (l’agent des Sauvages) représentait le gouvernement fédéral dans les réserves. Il administrait les affaires des Autochtones et il contrôlait à peu près tous les aspects de leur vie dans la réserve. L’Acte des Sauvages donnait de nombreux pouvoirs au gouvernement :

Définir qui est Indien, contrôler les terres réservées, contrôler les structures politiques autochtones, réglementer certaines coutumes ou pratiques qui n’allaient pas dans le sens des objectifs d’assimilation du gouvernement

La Loi sur les Indiens visait à maintenir les Autochtones sous la tutelle du gouvernement fédéral. Elle régissait leur vie à l'intérieur comme à l'extérieur de la réserve. La loi sera modifiée à plusieurs reprises par la suite, dont une dernière fois en 1985.

 Indiens inscrits et Indiens non inscrits
La distinction entre Indiens inscrits et Indiens non inscrits est formulée pour la première fois. L’Indien inscrit désigne celui qui possède le statut d’Indien en vertu de la Loi sur les Indiens (1876). Un Autochtone, qui n’est pas inscrit sur la liste officielle du gouvernement, n’est pas reconnu comme membre des Premières Nations.
Le gouvernement décrète aussi que le droit d’appartenance à une nation autochtone se transmet seulement par l’homme. La femme autochtone mariée à un non Autochtone perd son statut d'Indienne. Selon cette loi, elle n'est plus considérée comme Autochtone ni ses enfants. Plusieurs femmes et enfants autochtones perdent alors leur statut d’Indien. Par contre, la femme non Autochtone peut acquérir le statut d'Indienne en mariant un Autochtone. Il faudra attendre l’année 1985 pour que les femmes autochtones et leurs enfants - qui ont perdu leur statut d’Indien - le retrouvent.

Le gouvernement détient aussi plusieurs pouvoirs concernant l’administration des terres autochtones. Son contrôle s’étend aux terres des réserves, que ce soit pour leur location ou pour leur vente. Par exemple, en 1888, les Autochtones n’ont pratiquement plus de pouvoir pour contester l’établissement de colons blancs sur leurs terres. Ainsi, des terres localisées sur des réserves sont affectées à la colonisation. La loi prévoit aussi l’élection des chefs de bandes sans tenir compte du système politique des Autochtones. Ces chefs aux pouvoirs limités seraient sous la supervision du gouvernement.

La création des réserves

Au début du 19e siècle, les peuples autochtones sont durement affectés par les empiètements sur leurs territoires à cause de l’augmentation rapide de la population au Québec, du développement de la colonisation et de l’industrie forestière. Les activités de chasse et de pêche des Autochtones sont menacées et le gibier se fait de plus en plus rare. Les Autochtones demandent alors au gouvernement de protéger leurs terres et leurs ressources. Ils veulent des terres réservées à leur usage exclusif ainsi que des compensations monétaires pour celles qui ont été dévastées. Sans cesse, les Autochtones doivent s’adapter pour survivre. Le gouvernement, qui souhaite toujours les sédentariser, répond à leurs requêtes.

Nicolas Vincent Isawanhonhi fut chef de la nation huronne-wendate entre 1810 et 1844. À quelques reprises, il s'est adressé à la Chambre d'Assemblée du Bas-Canada (Québec). Ses discours dénonçaient la détérioration des conditions de vie des Wendats et abordaient la question des droits de chasse. Il s'est rendu à Londres comme ambassadeur en compagnie de trois autres chefs wendats. Ils ont présenté leurs revendications sur les terres de Sillery au roi George IV. Des terres leur avaient été concédées à cet endroit à l’époque de leur arrivée dans la région de Québec.
En 1851, le gouvernement édicte l’Acte pour mettre à part certaines étendues de terre pour l’usage des Autochtones. Par cette loi, 230 000 acres de terres sont réservées aux Autochtones du Québec dans le but de les dédommager pour les terres perdues. La majorité de ces terres est cédée aux Algonquins, aux Atikamekw, aux Montagnais et aux Népissingues. Le reste est partagé entre les Micmacs, les Abénakis, les Mohawks, les Hurons-Wendats et les Malécites de la vallée du Saint-Laurent.

Amérindien se livrant au labourage, dans une réserve, vers 1920
La politique du gouvernement fédéral était d'amener les Amérindiens à abandonner progressivement leurs activités traditionnelles pour adopter le mode de vie des Blancs, comme on le voit ici.

Deux ans plus tard, cette loi mène à la création de onze nouvelles réserves au Bas-Canada (Québec). On les qualifie de réserves modernes afin de les distinguer des réserves qui tirent leur origine des missions fondées à l’époque de la Nouvelle-France. De ces onze réserves, sept ont disparu à la suite de cessions ou d’échanges. Celles qui existent toujours sont : Doncaster, Maniwaki (Kitigan Zibi), Mann (Listuguj) et Témiscamingue.

Ces terres réservées représentaient une indemnité pour les terres perdues, occupées ou ravagées par les activités des Canadiens. Elles ne représentaient pas une cession des droits territoriaux des Autochtones qui n’avaient pas été négociés. Ces terres réservées seront elles aussi morcelées par des empiètements illégaux de la part des gouvernements et des voisins canadiens. Plusieurs communautés autochtones ont déjà déposé des revendications à ce sujet.

Chronologie historique des nations autochtones du Québec de 1745 à nos jours

1744-1748
Troisième guerre franco-anglaise en Amérique : la guerre de Succession d’Autriche (1740-1748) où les Autochtones alliés participent aux côtés des Français.
1752
Les Britanniques reconnaissent et confirment les droits de chasse et de pêche des Micmacs. Ils entérinent aussi le traité de paix et d'amitié de 1725. La valeur de ce traité de 1752 sera reconnue par la Cour suprême en 1985 (l’arrêt Simon).
1754-1763
Quatrième guerre franco-anglaise en Amérique : la guerre de Sept Ans (1756-1763) nommée aussi Guerre de la Conquête ou French and Indian War à cause de la participation active des Autochtones aux côtés des Français.
1755
Le gouvernement britannique crée le Département des Affaires indiennes qui relève alors de l'administration militaire. Le premier surintendant des Affaires indiennes est William Johnson.
1758
Le traité d'Easton est signé entre la Pennsylvanie et les nations de l'Ohio. Les montagnes Appalaches-Alleghanys deviennent la frontière des terres indiennes. Les Britanniques reconnaissent que toutes les terres situées à l'ouest des Appalaches appartiennent aux Autochtones. Cette limite sera plus tard repoussée vers l’ouest au détriment des Autochtones.
1759
Capitulation de Québec. À ce moment, les colonies françaises regroupent 80 000 colons (environ 15 000 en Acadie, 60 000 au Canada, 5 000 en Louisiane et sur le reste du territoire).

1760
L'acte de capitulation de Montréal est signé le 8 septembre 1760 en présence du général Jeffrey Amherst. Tout le territoire de la Nouvelle-France passe aux mains des Anglais. L'article 40 de cet acte protège les terres indiennes et assure le maintien de leurs propriétés, de leur droit de religion et de leur liberté de se déplacer.
1760-1774
La nouvelle alliance entre les Britanniques et les Autochtones oriente désormais les relations dans un contexte qui a changé : la France est éliminée, l'alliance franco-amérindienne s'est désintégrée lors de la chute de Montréal (1760). Les Britanniques, qui tentent de se rapprocher des Autochtones, concluent des traités avec les nations autrefois alliées des Français.
1761-1762
Entre 1761 et 1762, deux proclamations royales définissent différentes mesures afin d'assurer la protection des territoires autochtones. La Couronne britannique recherche alors le soutien des alliés autochtones.
1763
La France signe le traité de Paris, le 10 février 1763. Elle cède toutes ses possessions en Amérique du Nord au profit de l'Angleterre (sauf Saint-Pierre et Miquelon et ses droits de pêche à Terre-Neuve). La Louisiane est cédée à l'Espagne. Aucune clause ne concerne les Autochtones.
1763
La Proclamation royale du roi George III d'Angleterre n'intègre pas les Autochtones comme des sujets britanniques, mais comme des alliés. Elle reconnaît le droit foncier des Autochtones et délimite un territoire indien. Elle oblige les colonies britanniques à obtenir des Autochtones des cessions de droits sur leurs terres avant d'en faire la colonisation.
1763-1766
Le chef de la tribu des Outaouais, Pontiac, dirige le soulèvement des nations des Grands Lacs et de l’Ohio. Plusieurs Autochtones se révoltent contre la présence des Britanniques sur leurs terres. Tandis que les Amérindiens souhaitent de la part des Britanniques un comportement d’alliés, ces derniers agissent plutôt comme des conquérants. Les Autochtones, qui cherchent à conserver la possession de leurs terres, s’emparent de plusieurs postes militaires que les Britanniques venaient d’enlever aux Français. Mais le manque de munitions, l’obligation des guerriers de partir pour les camps de chasse d’hiver afin de nourrir leur famille, le désaccord qui s’installe entre les nations ralliées, l’absence de l’aide souhaitée de la part des Français ainsi que la variole qui se répand à cause de couvertures infectées remises consciemment aux Autochtones par les Britanniques font en sorte que la coalition menée par Pontiac échoue. Toutefois l’agitation dure jusqu’à la signature du traité d’Oswego en 1766 et à l’assassinat de Pontiac en 1769. La décision du roi de rendre officielle la reconnaissance d’un vaste territoire indien, par la Proclamation royale, a été influencée par cette révolte.
1763-1800
Une série de 24 traités à contenu territorial sont signés entre les Britanniques et divers groupes autochtones. La plupart de ces traités portent sur des terres fertiles du nord de l’Ontario. Leur but est de libérer ces terres du titre de propriété indienne, dont l'existence était sous-entendue dans la Proclamation royale, en échange de compensations.
1768
Traité du Fort Stanwix (New York) entre les Britanniques, les Iroquois et des représentants des Sept-Nations (organisation politique qui regroupait les Indiens domiciliés de la Province du Québec). Ce traité repousse vers l'ouest la frontière délimitée en 1763 entre les colons et les Autochtones, au détriment de ces derniers.
1774
L'Acte de Québec reconnaît les lois civiles françaises et le libre exercice de la religion pour les Canadiens. Il étend les frontières du Québec (Bas-Canada) vers le nord, jusqu'au Labrador, et vers le sud, jusqu'à la rivière Ohio. Cet acte constitue un autre empiètement massif sur le territoire réservé aux Autochtones en 1763.

1774-1783
Pendant la Révolution américaine (guerre d'indépendance des États-Unis), les Britanniques sollicitent l'aide des Autochtones contre les Américains en échange de la promesse de protéger leurs terres. Plusieurs Autochtones vivant au Québec appuient les Britanniques lors de la Révolution américaine. Les pressions des Américains et des Britanniques pour se rallier les membres de la Ligue des Six Nations (Ligue des Iroquois) provoquent des dissensions parmi les nations iroquoises et mènent à la rupture de la Ligue des Iroquois.
1783
Le traité de Versailles reconnaît l'indépendance des États-Unis. Il fixe les frontières canado-américaines de l'Atlantique jusqu'au Lac des Bois (le Canada perd le sud des Grands Lacs). Aucune clause ne concerne les Autochtones, malgré la participation de plusieurs d’entre eux dans cette guerre à titre d'alliés aux côtés des Britanniques. La pleine autorité sur le territoire indien est cédée aux États-Unis par l'Angleterre. La Proclamation royale cesse donc de régir les relations entre les Autochtones et les Américains.
1783
Les États-Unis adoptent, le 22 septembre, une proclamation qui interdit la colonisation des terres indiennes sans l'autorisation du Congrès américain.
1783-1796
Migration des Loyalistes et d’Iroquois au Canada.
1784-1850
Quelque 24 actes de cessions de terres sont signés entre des groupes autochtones et le gouvernement.

1791
L'Acte constitutionnel entraîne la création du Haut-Canada (Ontario) et du Bas-Canada (Québec).
1794
Le traité de Jay, ou traité d'amitié, de commerce et de navigation, instaure la paix entre le Canada et les États-Unis. Il suscite un rapprochement entre les Britanniques et les Américains. Certains Iroquois demeurent dans la vallée de l'Ohio, sous la protection du traité de Jay, pour faire la traite des fourrures avec les Américains. La Clause III du traité assure la libre circulation des Autochtones (et de leurs biens) de chaque côté de la frontière canado-américaine.
1794
Les Jésuites concèdent un terrain pour la réserve huronne-wendate de Lorette.
1795
Le traité de Greenville. Entre 1783 et 1794, une alliance défensive réunit des Autochtones provenant de 35 nations des Grands Lacs, des Iroquois du Canada et les membres de la Fédération des Sept-Nations (Amérindiens domiciliés au Québec). À la suite de leur défaite en 1794, les Autochtones signent avec les Américains le traité de Greenville. Les Autochtones doivent renoncer à la frontière définie par le traité de Stanwix en 1768. Ils cèdent les deux tiers de la vallée de l'Ohio.
1796-1830
Malgré leur situation de plus en plus précaire, les Autochtones continuent de se gouverner eux-mêmes, les politiques mises en place sont plutôt négociées qu'imposées.
1803
Vente de la Louisiane aux États-Unis. En 1763, elle avait été cédée à l’Espagne par la France.
Vers 1800
La traite des fourrures décline devant d’autres activités économiques comme l’exploitation forestière et l’agriculture.
1812-1814
La guerre éclate entre les États-Unis et l'Angleterre. Les Britanniques demandent l'aide des Autochtones contre les Américains. La plupart des Mohawks (Agniers) et des Abénakis se battent aux côtés des Britanniques, alors que les Iroquois du côté américain de Saint-Régis (Akwesasne) se rangent du côté des Américains. Les Britanniques veulent conserver le Haut-Canada (Ontario) attaqué par les Américains. Cette dernière participation importante des Autochtones à un grand conflit représente un tournant pour eux. Les alliances militaires entre les Autochtones et les Britanniques perdent leur importance à la fin de cette guerre, qui est le dernier conflit entre la Grande-Bretagne et les États-Unis en Amérique du Nord.
En 1814, le traité de Gand met fin aux hostilités de la guerre anglo-américaine. Il assure la restitution réciproque des conquêtes. On prévoit rendre aux Autochtones toutes leurs possessions, leurs droits et les privilèges dont ils jouissaient en 1811. Mais les Autochtones n'arriveront pas à récupérer les terres perdues. Ils n'obtiennent aucune garantie pour l'avenir, ils devront désormais signer des traités séparés.
Les questions reliées aux Autochtones passent d'une administration militaire à une administration civile. Car, avec la fin de la guerre de 1812, les Britanniques ne craignent plus d'invasion américaine. La nouvelle administration des dossiers autochtones favorise une politique d'assimilation et de confinement dans des réserves. Les missionnaires exhortent les gouvernements (américain et britannique) à améliorer le sort des Autochtones au moyen de programmes destinés à les «civiliser» en leur enseignant le christianisme et l'agriculture.
1815 à 1840
La population du Québec (Bas-Canada) s'accroît rapidement. Le Bas-Canada compte 335 000 habitants en 1815; environ 600 000 en 1840. La population croissante du Bas-Canada et du Haut-Canada continue d'empiéter sur les terres occupées par les Indiens. Ces derniers commencent à être considérés comme des obstacles à la colonisation eurocanadienne et au progrès.
1817
Aux États-Unis, on commence la mise en application du déménagement forcé des Amérindiens vivant sur leurs terres ancestrales dans la vallée de l'Ohio. La politique atteint son point culminant sur le «Chemin des larmes» que devront suivre les Cherokees dans les années 1830.
1818
Une convention canado-américaine confirme la frontière entre le Canada et les États-Unis au 49e parallèle jusqu'aux Rocheuses.
1820
À partir des années 1820, des Autochtones du Bas-Canada, dont les Algonquins, les Népissingues, puis les Montagnais, déposent des requêtes auprès des autorités coloniales. Ils demandent la création de terres réservées à leur usage et des compensations monétaires pour les terres déjà prises par les colons.
1820
La politique britannique prend une nouvelle orientation. On met en oeuvre un vaste programme de civilisation (intégration). En 1822, le gouvernement prévoit l'abolition complète du Département des Sauvages. De toute façon, on pense alors que les Autochtones, dont le nombre a beaucoup diminué, vont disparaître.
1821
La Compagnie de la Baie d'Hudson (fusionnée en 1821 à la Compagnie du Nord-Ouest) obtient l'exclusivité de la traite avec les Autochtones dans toutes les régions inhabitées du Canada.
1821 à 1851
Pendant cette période, la population du Canada triple. Elle passe d'environ 750 000 habitants, en 1821, à 2 300 000 habitants en 1851.
1829
Shawnadithit, la dernière représentante connue des Béothuks, meurt en 1829.
1830
Le Removal Act, aux États-Unis, implique la déportation à l'ouest du Mississippi de tous les Amérindiens vivant à l'est de ce fleuve (sauf les Iroquois). Des Iroquois, les Oneidas (Oneiouts) et les Tuscaroras, conservent leurs terres, mais de nombreux traités réduisent par la suite leur étendue. Les autres nations iroquoises sont placées dans des réserves.
1830
Sous l'influence de groupes humanitaires de Grande-Bretagne, une nouvelle politique indienne est adoptée. On encourage la civilisation et la christianisation des Autochtones au moyen des terres de réserves.
1839-1840
À la suite d’une vaste enquête menée sur les populations autochtones du Haut-Canada (Ontario) et du Bas-Canada (Québec), dans les années 1830, le gouvernement se rend compte que la colonisation est désastreuse pour les Autochtones. Il promulgue l'Act for the Protection of the Land (Haut-Canada, 1839) et l'Ordonnance pour pourvoir à la protection des Indiens ou Sauvages (Bas-Canada, 1840). La Couronne britannique, propriétaire des terres indiennes, les garde pour eux.
1840
L'Acte d'Union effectue le rattachement du Haut-Canada (Ontario) et du Bas-Canada (Québec) dans un Canada uni.
1847
Une commission royale d'enquête sur la situation des Autochtones recommande la création de réserves pour compenser la perte de leurs territoires devant le nombre grandissant de squatters, de bûcherons et de braconniers qui s’y installent.
1847
Arrivée de nombreux Irlandais chassés par la famine.
1850-1854
Entre 1850 et 1854, quatorze transactions d'achat de terres sont faites avec les nations autochtones de l'Île de Vancouver pour des fins de colonisation et d'exploitation minière. Les territoires sont échangés contre des montants forfaitaires, des couvertures et la liberté de chasser et de pêcher sur les terres inoccupées.
1850
Signature des deux traités Robinson. Les Saulteux (Ojibways du Lac Huron et du lac Supérieur) signent les traités Robinson concernant la cession de leurs terres au nord des lacs Huron et Supérieur en vue de l'exploitation minière dans cette région du Haut-Canada (Ontario). En retour, vingt petites réserves sont créées.
1850
Adoption de l'Acte pour mieux protéger les terres et les propriétés des Sauvages dans le Bas-Canada qui détermine, selon certains critères, qui est Indien.
1851
Au Bas-Canada (Québec), la Loi de 1851, l'Acte pour mettre à part certaines étendues de terre pour l'usage de certaines tribus de Sauvages dans le Bas-Canada, autorise le commissaire aux terres de la Couronne à mettre de côté des étendues de terres du Bas-Canada pour l'usage des Amérindiens. La Loi de 1851 permet la création de plusieurs réserves puisque 230 000 acres de terres, administrées par le commissaire des terres indiennes, sont réservés à l'usage des Indiens. En 1853, ces terres sont partagées entre les Autochtones. De nouvelles réserves sont créées: Témiskamingue, Maniwaki, Coleraine (Bécancour), Doncaster (Mohawks de Kanawake et de Oka), Coucoucache et Weymontachie (Atikamekw de la Mauricie), Roquemont (Hurons-Wendats de Lorette, vendue en 1904), Viger (Malécites de la Rivière Verte, abandonnée en 1869 et vendue), Restigouche (Mik'maqs), Pointe-Bleue (Innu-Montagnais du Lac-Saint-Jean), Bersimis (Innu-Montagnais de la région de Manicouagan) et Betsiamites (Innu-Montagnais).
1851
Une loi du Haut-Canada (Ontario) interdit de traiter avec les Autochtones, de pénétrer sur leurs terres, de s'emparer ou de s'installer sur ces terres sous quelque prétexte que ce soit.
1851
Le gouvernement canadien reconnaît deux sortes de terres indiennes, soit les territoires de chasse et les terres accordées aux Amérindiens directement ou par le truchement des missionnaires. La Loi prévoit un dédommagement de 1 000 livres annuellement à être réparties parmi les nations autochtones dont les terres ont été usurpées ou ruinées par le développement du Canada.

1857
Adoption de l'Acte pour encourager la civilisation graduelle des tribus sauvages en cette Province et pour amender les lois relatives aux Sauvages. C'est le début du principe de l'émancipation légale, c’est-à-dire que l’on encourage les hommes autochtones à renoncer à leur statut et à leurs droits afin d’être intégrés dans la société canadienne.
1860
Le Colonial Office cède la responsabilité des Affaires indiennes aux gouvernements des provinces. Au Québec, les Affaires indiennes vont relever du Département des Terres de la Couronne jusqu'en 1867.
1867
Adoption de l'Acte de l'Amérique du Nord Britannique, qui réunit le Bas-Canada (Québec) et le Haut-Canada (Ontario), la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick. La Loi constitutionnelle de 1867 attribue au Parlement du Canada la compétence «sur les Indiens et les terres réservées pour les Indiens» (article 91) . Le Canada poursuivra la politique des traités.
1868
Le gouvernement américain met en place la plus grande réserve des États-Unis, soit 64 745 km carrés répartis sur les États de l'Arizona, du Nouveau-Mexique et de l'Utah. Cette réserve n'est qu'une partie du territoire ancestral des Navajos.
1868
Le parlement fédéral adopte l'Acte pourvoyant à l'organisation du Département du Secrétaire d'État du Canada ainsi qu'à l'administration des terres des Sauvages. Cet acte, fondé sur la politique de protection, d'assimilation et de christianisation d'avant la confédération, réunit toutes les anciennes lois sur les Indiens.
1869
Adoption d'un amendement à la Loi sur les Indiens intitulé Acte pourvoyant à l'émancipation graduelle des Sauvages, à la meilleure administration des affaires des Sauvages, et à l'extension des dispositions de l'acte trente et un. Cette loi confère des pouvoirs plus étendus au surintendant des Affaires indiennes. Il établit des administrations de type municipal dans les réserves. Il a aussi comme objectifs d'apprendre aux Amérindiens le fonctionnement de l'ensemble de la société blanche et de faciliter leur assimilation à l'intérieur de celle-ci.
1869
Gouvernement provisoire des Métis à la Rivière Rouge. Acquisition des Territoires du Nord-Ouest par le Canada. Les Métis des Plaines expulsent les arpenteurs envoyés par le gouvernement du Canada pour tracer de nouvelles routes pour les colons.
1870
Le gouvernement du Canada achète la terre de Rupert de la Compagnie de la Baie d'Hudson. Une clause de l'arrêté ministériel précise que le Canada doit respecter les réclamations des Autochtones par rapport à la colonisation.
1870
Adoption de l'Acte du Manitoba, créant cette province. Cet acte prévoit que 600 000 hectares de terres devront être réservés aux Métis.
1871
La Colombie-Britannique devient une province du Canada.
1871
Le Congrès américain met fin à la signature de traités avec les nations autochtones des États-Unis.
1871-1921
Période des grands traités entre le gouvernement canadien et les nations autochtones. Par onze traités numérotés, les Autochtones cèdent des droits sur la majorité du territoire de l’Ontario, du Manitoba, de la Saskatchewan, de l’Alberta et des Territoires du Nord-Ouest. Ces onze traités incluent des terres réservées, des versements de compensation, l'octroi de vêtements, des versements annuels pour des munitions et des cordes, des allocations de scolarité, de l'aide médicale et de l'aide alimentaire en cas de famine.
1873
L'Île-du-Prince-Édouard entre dans la Confédération.
1876
Les Cheyennes et les Sioux du chef Sitting Bull exterminent le 7e régiment de cavalerie du colonel Custer, lors de la célèbre bataille de Little Big Horn aux États-Unis. Les Sioux se sauvent par la suite au Canada. Ce fut la fin du nomadisme des Autochtones des Plaines américaines qui ont dû vivre dans des réserves par la suite.
1876
La refonte de l'ensemble des lois concernant les Autochtones du Canada donne naissance à la Loi sur les Indiens. L'Acte des Sauvages vise l'assimilation des Autochtones avec l'émancipation obligatoire des femmes qui marient des non Indiens (elles perdent leur statut d’Indienne). Elle fixe aussi une tutelle sur les Indiens et leurs terres. Les manifestations culturelles sont aussi surveillées de près. Des lois subséquentes interdiront certaines traditions, dont des cérémonies et des danses autochtones. L'administration des affaires indiennes au Canada est toujours basée sur la Loi des Indiens adoptée en 1876. Considérée comme temporaire, elle visait l'assimilation des Autochtones à la société blanche. Jusqu'au milieu des années 1950, les agents des Affaires indiennes contrôlent à peu près tous les aspects de la vie des Autochtones des réserves.
1879
À la suite de la chasse intensive, le bison est pratiquement disparu des plaines canadiennes.
1880
Un amendement à la Loi sur les Indiens permet l'émancipation de tout Indien qui obtient un diplôme universitaire.
1884
Un amendement à la Loi sur les Indiens interdit les potlatch, des cérémonies traditionnelles où les biens sont redistribués entre les Autochtones. Cette interdiction sera en vigueur jusqu'en 1951.
1885
Pendaison de Louis Riel et de huit Autochtones à la suite de la rébellion des Métis de la Rivière Rouge et de l'Ouest. Ils s'opposaient au lotissement des terres pour la colonisation.
1889
Un amendement à la Loi sur les Indiens permet au gouvernement fédéral de passer outre à l'opposition des bandes indiennes à la location de leurs terres.
1898-1899
Le gouvernement fédéral impose les conseils de bande aux communautés autochtones.
1898 et 1912
Lois d'extension des frontières du Québec et de l'Ontario dont l’annexion des bassins versants de la Baie James et de la Baie d'Hudson.
1905
Création de deux nouvelles provinces : la Saskatchewan et l’Alberta.
1912
Le Québec obtient le territoire de l'Ungava. Extension des frontières du Québec, de l'Ontario et du Manitoba.
1917
Obtention du droit de vote par les femmes au Canada.
1922
La Loi sur les terres et forêts du Québec de 1922 autorise le gouvernement du Québec à réserver des terres pour l'usage des Autochtones. En vertu de cette loi, la superficie maximale des réserves indiennes au Québec passe de 230 000 acres à 330 000 acres.
1923
Création de réserves plus nordiques (Baie James et Nord-Ouest québécois).
1927
Un amendement à la Loi sur les Indiens interdit aux Autochtones de lever des fonds à des fins de revendication sans le consentement écrit du surintendant aux Affaires indiennes. L'autorisation du Ministère des Affaires indiennes devient nécessaire pour que «soient payés les avocats et les autres personnes dont les Autochtones auraient retenu les services pour faire valoir leurs droits».
1927
Le Conseil privé de Londres statue sur la frontière du Labrador et attribue le Labrador à Terre-Neuve.
1933
Un amendement à la Loi sur les Indiens force l'«émancipation» de tout Autochtone qui obtient un diplôme universitaire.
1940
Obtention du droit de vote par les femmes au Québec.
1946
Le Parlement du Canada met sur pied un comité chargé d'étudier différentes révisions de la Loi sur les Indiens.
1949
Entrée de Terre-Neuve dans la Confédération.

1951
Modifications portées à la Loi sur les Indiens à la suite d’audiences tenues par le comité mixte du Sénat et la Chambre des Communes entre 1946 et 1948 et de consultations auprès des dirigeants autochtones. Un amendement à la Loi sur les Indiens annule l'interdiction du potlatch et d'autres cérémonies traditionnelles. Il autorise aussi les Autochtones à entrer dans les bars. Le comité recommande de créer une commission sur les revendications au sujet de l'application des traités. Les pouvoirs du ministre des Affaires indiennes sont restreints à certains égards (même si certains de ces pouvoirs sont transférés aux provinces). Des pouvoirs accrus sont attribués aux bandes pour les affaires locales. On tente également d'augmenter la participation aux élections des bandes.
1960
Les Autochtones obtiennent le droit de vote au fédéral.
1960
La responsabilité des Autochtones étant de juridiction fédérale, les relations plus étroites entre la province de Québec et les Autochtones ne datent que des années 1960.
1966
Commission Hawthorn-Tremblay : une étude sur les Indiens contemporains au Canada, débutée en 1964. Les consultations auprès des bandes au sujet de la situation sociale, économique et de l'éducation des Autochtones se poursuivent pendant des mois. À cette époque, le responsable des Affaires indiennes est le Ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration.
1968
Création de la Fraternité des Indiens du Canada dans le but de représenter les intérêts des Indiens inscrits auprès du gouvernement fédéral.
1968
Une Mohawk, Mary Two Axe Early, entame une lutte contre la discrimination faite aux femmes en vertu de la Loi sur les Indiens. Cette lutte, qui a impliqué d’autres femmes autochtones dont l’Abénakise Evelyn O’Bomsawin, aura cours jusqu'à la modification de la loi en 1985.
1969
Le Livre Blanc de 1969 ne tient aucunement compte des recommandations du Rapport Hawthorn-Tremblay déposé en 1966. Le gouvernement du Canada propose d'abolir la Loi sur les Indiens, le Ministère des Affaires indiennes et le statut particulier des Autochtones en les considérant comme des citoyens ordinaires. Les traités conclus seraient également éliminés. Le gouvernement préconise une politique d'assimilation qui rejette tout droit ancestral. Les agents du Ministère des Affaires indiennes sont retirés des réserves. Les Autochtones réagissent avec colère au Livre blanc. Ils présentent au gouvernement le Livre rouge, intitulé Citizen Plus. De vives oppositions et des critiques suivent le dépôt du Livre Blanc. Le gouvernement fédéral abandonne ce projet. On conserve le statu quo.
1969
Les Autochtones obtiennent le droit de vote au provincial.
1970
Le gouvernement fédéral finance les groupes et les organismes autochtones pour qu'ils effectuent des recherches sur les traités et les droits ancestraux.
1971
La Convention de l'Alaska, aux États-Unis, crée des corporations de villages et des corporations régionales chez les Inuits, les Indiens Dénés et les Aléoutes du Nord. Elle accorde des compensations et reconnaît un titre de propriété indien sur 18 millions d'acres et de pratique d'activités traditionnelles sur 4 millions d'acres. La Convention élimine les réserves et accorde des royautés sur l'exploitation des mines et des forêts.
1972
La Fraternité des Indiens du Canada, devenue l'Assemblée des Premières Nations, revendique au nom des communautés autochtones le droit de gérer l'éducation et la mise sur pied de leurs propres conseils scolaires. Cette revendication est acceptée en 1973.
1973
Le gouvernement fédéral se donne une politique sur les revendications territoriales globales (droits ancestraux) et sur les revendications particulières (droits issus des traités et administration des fonds et des terres des Amérindiens). Les revendications globales doivent être fondées sur l'occupation et l'utilisation traditionnelle des terres et le titre ne doit pas avoir fait l'objet de traité, ni d'acte légal de cession ou d'extinction. Les régions concernées se situent au Québec, au Yukon, en Colombie-Britannique, au Labrador et dans les Territoires du Nord-Ouest.
1973
L'injonction demandée par les Cris afin d'arrêter la construction des barrages hydroélectriques sur leur territoire leur est accordée par le juge Malouf de la Cour suprême. La décision du juge repose alors sur les droits accordés par la Proclamation royale de 1763. Peu de temps après, le jugement est renversé, mais le gouvernement québécois doit négocier avec les Cris.
1974
Le Bureau des revendications des Autochtones est mis sur pied par le Ministère des Affaires indiennes et du Nord du Canada.
1975
Les Cris, les Inuits et les gouvernements du Québec et du Canada signent la Convention de la Baie James et du Nord québécois (CBJNQ) qui permettra le développement hydroélectrique sur le territoire visé. Par ce traité, les Cris et les Inuits cèdent des droits et des titres sur un territoire de 981 610 km carrés. En échange, ils obtiennent la propriété foncière de 10 400 km carrés (l’usage et le bénéfice des terres de catégorie 1), des droits exclusifs de chasse, de pêche et de piégeage, l'administration régionale de l'éducation, des services sociaux, de la santé, du développement social et économique, et le versement, sur une période de 20 ans, d’une compensation de 225 millions de dollars. Le régime des terres issu de la CBJNQ délimite la superficie des territoires cris et inuits et les droits qui s’y rattachent. Il s'agit de la première entente du genre à être signée au Québec et au Canada.
1978
Les gouvernements du Québec et du Canada signent la Convention du Nord-Est québécois (CNEQ) avec les Naskapis (et les Inuits de Port Burwell). La nation cède ses droits territoriaux en échange de la propriété de 285 km carrés, de droits de chasse et de piégeage sur un territoire de 4 150 km carrés et d’une compensation de 9 millions de dollars.
1981
Le gouvernement du Canada apporte des modifications à sa politique sur les revendications autochtones en élargissant les critères d'acceptation des revendications. Il accroît également les montants pour financer les groupes autochtones.
1982
La nouvelle Loi constitutionnelle du Canada reconnaît les droits ancestraux et issus de traités aux Indiens, aux Inuits et aux Métis. Elle précise aussi que la Charte canadienne des droits et libertés ne diminue pas les droits et les libertés qui ont été reconnus aux Autochtones par la Proclamation royale de 1763.
1983
Le Comité sur l'autonomie politique des Autochtones rend son rapport public après l'audition de 567 témoins, la tenue de 215 présentations et de 60 réunions publiques. Il recommande que le gouvernement fédéral établisse de nouvelles relations avec les Premières Nations et que l'élément essentiel de cette relation soit l'autonomie gouvernementale des Autochtones.
1983
Le gouvernement du Québec se donne une politique autochtone basée sur quinze grands principes.
1984 et 1993
Convention définitive des Inuvialuit (puis des Inuits) des Territoires du Nord-Ouest.
1985
Un amendement à la Loi sur les Indiens met fin à plus de cent ans de discrimination en permettant à tous les Autochtones qui ont perdu leur statut de le recouvrer. Sont particulièrement visées par cet amendement les femmes autochtones, qui ont épousé un Blanc, toutes les personnes qui sont entrées dans l'armée ou dans les ordres ou qui ont obtenu un diplôme universitaire ou voté à une élection fédérale.
1990
La crise d'Oka (juillet à septembre). Des Mohawks de Kanesatake protestent contre les projets de développement de la municipalité d'Oka sur des terres qu’ils considèrent comme les leurs. 
 

 1990
En 1990, la Cour suprême du Canada a confirmé que la Proclamation royale de 1763 réserve aux Autochtones deux catégories de terres : les terres qui étaient situées en dehors des limites territoriales de la colonie de Québec en 1763 et les établissements qui existaient à l’intérieur des limites du Québec en 1763 et qui étaient autorisés par le gouvernement, principalement les réserves créées à l’époque de la Nouvelle-France.
1990
En 1990, l'arrêt Sioui de la Cour suprême reconnaît comme traité le document remis aux Hurons-Wendats par le général James Murray en 1760. Ce traité leur garantissait, aux mêmes conditions que les Canadiens, le libre exercice de leur religion, de leurs coutumes et du commerce avec les garnisons anglaises. Ce document, du 5 septembre 1760, est encore l’objet de débats puisque certains le considèrent comme un traité, d’autres comme un simple sauf-conduit remis aux Hurons-Wendats pour qu’ils rejoignent en toute sécurité leur village de Lorette (Wendake).
Pour connaître d’autres ententes conclues entre les Premières Nations du Québec et le gouvernement québécois, consulter le site du Secrétariat aux Affaires autochtones du Québec

 1996
Dépôt du Rapport de la Commission royale d'enquête sur les peuples autochtones (Commission Erasmus-Dussault). Cette étude sur la situation des Autochtones au Canada, amorcée en 1991 et rendue publique en novembre 1996, recommande la formation d'un troisième palier de gouvernement pour les Autochtones.
1999
Le premier avril 1999 : création du Nunavut, notre terre, un territoire qui couvre l’est et le centre des Territoires du Nord-Ouest, soit 2 millions de kilomètres carrés (environ le cinquième de la surface terrestre du Canada). Les Inuits totalisent 85% de la population de ce territoire. Le gouvernement élu possède des pouvoirs de légiférer semblables à ceux des gouvernements du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest.
1999
La Cour suprême du Canada permet aux Autochtones hors réserve de voter lors de l’élection des conseils de bandes.
1999
La Cour suprême du Canada convient qu’un traité de 1760 garantit aux Mi’kmaqs (Micmacs) des droits de pêche et de chasse toute l’année. Ce jugement déclenche une controverse. La Cour suprême précise alors que ces droits ne permettent pas de pêcher en toutes saisons.
1999
Les Nisga’a du nord-ouest de la Colombie-Britannique se voient accorder le droit à l’autonomie gouvernementale.
1999
La province de Québec met sur pied une politique de partenariat économique avec les Premières Nations. Cela mène à l’instauration d’un Fonds de développement pour les Autochtones.
2002
La Paix des Braves est signée entre le Québec et les Cris. Cette entente, d’une durée de 50 ans, vise la collaboration entre le Québec et les Cris ainsi que le développement économique, social et communautaire de cette nation.


14/01/2013
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FAITS ET ÉVÈNEMENT ENTRE 1500 ET 1745

 

 

Le castor deviendra le principal enjeu commercial entre 1500 et 1745. Les Européens auront un intérêt particulier pour sa fourrure qu’ils utilisent pour la fabrication des chapeaux haute-forme devenus si populaires en Europe.

Au début du 16e siècle, quand les premiers Européens débarquent dans ce qui deviendra le Québec, la vallée du Saint-Laurent est habitée par des Autochtones membres des sociétés iroquoiennes. Les autres parties du Québec abritent des sociétés nomades algonquiennes. Les Européens ne savent pas comment se débrouiller dans ce nouvel environnement. Ils doivent compter sur l’hospitalité, l’aide et les connaissances de ses habitants. Ils concluent des ententes avec les Autochtones afin d'assurer le commerce des fourrures et le succès des premiers établissements.

Le commerce des fourrures, puis l’implantation européenne en Amérique du Nord-Est a des implications profondes sur la vie des Premières nations. Des changements importants bouleversent les sociétés autochtones: leur situation démographique, leur organisation sociale, politique et culturelle. La conséquence la plus tragique de la rencontre des deux mondes reste l’introduction de maladies d’origine européenne qui provoquent le déclin des peuples autochtones.

Les motivations européennes

Plusieurs raisons expliquent les explorations entreprises par les Européens à la fin du 15e siècle et au début du 16e siècle. À cette époque, l’Europe est en pleine renaissance démographique et économique. Les pays de l’Europe de l’Ouest recherchent de nouvelles ressources et de nouveaux territoires afin de répondre aux besoins de leur population. La curiosité scientifique s’éveille et l’Europe élargit ses horizons. Toutes les conditions sont réunies pour faire éclater le monde connu. Ce nouveau contexte et les innovations technologiques permettent l’aventure sur l’Atlantique.

Mythes et perceptions du monde par les Européens

Carte inspirée de Martin Behaim (1492)

Avant la progression des connaissances géographiques liée aux voyages d’exploration entrepris par les Européens, le monde était traditionnellement divisé en trois parties: l’Europe, l’Asie et l’Afrique. On pense qu’entrent l’Europe et l’Asie, il n’y a que des îles fabuleuses. On ne connaît pas encore l’existence du continent américain. En dehors des limites du monde connu, on croit à l’existence de régions où habitent des animaux terrifiants et des hommes monstrueux. On imagine des hommes à la tête dans la poitrine ou sans tête, des hommes à tête de chien et des cyclopes. Ces croyances difficiles à briser continuent à se répandre malgré les explorations effectuées. L’idée d’un être couverte de poils de la tête au pied, plus près de la bête que de l’humain, subsiste également. Les Autochtones rencontrés par les Européens sont rapidement qualifiés de Sauvages puisque selon eux ils vivent comme les bêtes dans les bois et ils ne sont pas civilisés.

L’Europe à la recherche de nouvelles richesses

Au 16e siècle, cinq pays européens participent au mouvement des grandes découvertes et veulent se partager le monde. L’Espagne et le Portugal ont un intérêt surtout pour la partie sud du continent américain où l’or se retrouve en grande quantité. L’Angleterre, la Hollande et la France se tournent vers le territoire fréquenté par les pêcheurs, situé plus au nord. Sur la route de l’Asie, les Européens espèrent s’enrichir et acquérir de nouvelles terres. Les pays se disputent la possession des territoires sans tenir compte de leurs habitants, les Autochtones. C’est la course aux trésors américains. De nombreuses richesses passent du Nouveau Monde (l’Amérique) vers l’Ancien (l’Europe). En provenance d’Amérique du Sud, l’Europe acquiert des métaux précieux, de l’or et de l’argent, du coton et du sucre. D’Amérique du Nord, elle reçoit de la morue et des fourrures.

En quête d’une nouvelle voie vers l’Asie

Les découvertes de Jacques Cartier

Depuis la prise de Constantinople par les Turcs (1453), la route terrestre vers l’Inde et la Chine est coupée. Le commerce habituel est perturbé, car les marchands n’ont plus d’accès direct aux richesses des marchés asiatiques. Ils en convoitent les épices, indispensables à la conservation des aliments, la soie, l’or et les pierres précieuses. Les Européens se mettent en quête d’une route plus rapide vers l’Asie en naviguant sur l’Atlantique, vers l’ouest, ou en contournant l’Afrique. Loin de concevoir l’étendue du Nouveau Monde, les explorateurs pensent trouver l’Asie soit en longeant le littoral atlantique de l’Amérique du Nord, soit en recherchant un passage par le Nord. Cette recherche d’une route vers l’Asie préoccupera longtemps les Européens. Les Anglais (Martin Frobisher et Henry Hudson) penseront trouver un passage par l’Arctique. Les Français (Jacques Cartier) souhaiteront y parvenir en pénétrant plus avant dans le fleuve Saint-Laurent.

Les explorations européennes

Les explorateurs européens n’ont pas découvert l’Amérique puisque les Autochtones y habitaient déjà depuis des millénaires. Les Européens ont plutôt trouvé les voies maritimes pour se rendre à un continent inconnu d’eux. Bien avant la venue des explorateurs et des pêcheurs en provenance de l’Europe de l’Ouest, les Vikings avaient fréquenté les Autochtones.

Les perceptions et le choc des premières rencontres

Iroquois allant à la guerre

Deux perceptions se répandent depuis les premiers contacts entre Autochtones et Européens. Une première présente les Autochtones comme des barbares, des sauvages, des êtres non civilisés. La seconde en fait de bons sauvages, des enfants de la nature par rapport aux Européens civilisés et adultes, des êtres qu’on idéalise.

Des Sauvages

À la fin du 16e siècle, on s’entendait généralement pour dire que ce n’était pas des monstres qui habitaient les nouvelles régions découvertes, mais des sauvages sans foi, ni loi, ni roi. Ils vivaient dans la nature comme les bêtes dans les bois. Ils allaient nus, étaient sales, se peignaient le visage et le corps, n’avaient pas de religion et se contentaient de peu.

Le bon ou le noble Sauvage

Au 17e siècle, mais surtout au 18e siècle, certains auteurs insistent davantage sur les qualités de l’Autochtone et les aspects positifs qu’ils perçoivent de leur culture. Du point de vue physique, on les décrit comme des êtres bien faits, bien proportionnés, et de taille généralement supérieure à celle des Européens. Jouissant d’une bonne santé, ils sont robustes et agiles. Les habitants de l’Amérique ont de l’esprit, sont bons pour leurs parents et hospitaliers envers les étrangers. Ils sont généreux, tolérants et dépourvus de l'ambition et de l'avidité qui tourmente tant d'Européens. Leur innocence apparente et leur simplicité suscitent l'admiration. Ce sont des enfants de la nature, non corrompus par la société. Ils vivent dans un paradis terrestre comme aux débuts de l’humanité.

Des Peaux-Rouges

Les premiers à être nommés Peaux-Rouges furent probablement les Béothuks à cause de l’habitude de couvrir leur corps et leurs vêtements d’ocre rouge. Les Autochtones du Brésil et des Antilles se peignaient eux aussi le corps en rouge. Ces derniers utilisaient, par contre, le bois de teinture ou rocouyer. Comme l’ocre rouge, la pâte obtenue à l’aide des graines du fruit de cet arbuste est insectifuge, c’est-à-dire qu’elle éloigne les insectes.

Les Français nomment les Autochtones

Au cours de l’histoire, les nations autochtones ont souvent été désignées par des noms qui n’étaient pas les leurs. Certaines appellations leur étaient inconnues, parfois même péjoratives, car ces noms leur étaient souvent donnés par une nation ennemie ou étrangère. Les noms utilisés pouvaient aussi provenir des Européens, ou encore, d’une nation voisine qui donnait un surnom plutôt que le vrai nom à cette nation. Souvent, ils n’ont rien à voir avec les noms que les Autochtones se donnaient eux-mêmes. Le nom d'un groupe autochtone décrivait habituellement la région où il vivait.

L’appellation Huron provient d’un surnom donné par les Français. Leur coiffure aux cheveux relevés (une bande de cheveux raides sur le dessus de la tête) avec les côtés rasés du crâne leur rappelait la hure, c’est-à-dire la raie à rebrousse-poil des sangliers. Ils se nommaient eux-mêmes Wendats ou Ouendats: les «habitants de la péninsule, de l’île». Les Français appelaient les occupants des montagnes de la Basse-Côte-Nord, Montagnais, à cause de l’aspect montagneux de l’embouchure de la rivière Saguenay près de Tadoussac. Ces derniers se désignaient eux-mêmes comme «Innu», c’est-à-dire «homme» (être humain).

La perception des Autochtones vis-à-vis des Européens

Lorsque les Autochtones aperçoivent au loin les navires européens, ils ressentent un mélange de curiosité, de crainte et d’émerveillement. Des questions surgissent. Qui sont ces nouveaux venus ? Des dieux ? Des hommes ou des animaux ? Quelles sont leurs intentions ? Le premier moment de surprise étant passé, leur perception change et on les considère comme des étrangers dont l’apparence et les usages paraissent bien étranges.

Pauvres Européens

Les Autochtones se sentent privilégiés par rapport aux nouveaux venus. Ils se demandent pourquoi le dieu des Européens, qu’on dit riche, ne leur donne pas ce qui leur est nécessaire pour survivre. Pourquoi sont-ils obligés de se donner tant de peine pour venir chercher en Amérique ce qui leur manque ? Ils s’étonnent de les voir abandonner femme et enfants pour affronter les périls de la traversée. Les Autochtones s’estiment plus heureux que les Européens qui ne jouissent pas de la même liberté qu’eux. Ils les considèrent comme des gens toujours soumis à quelqu’un. Ils les voient comme des êtres dépendants puisqu’ils se nourrissent à tous les repas de morue prise chez eux, sinon de leur chasse. Finalement, les premiers habitants ne se croient pas inférieurs aux Européens, même s’ils peuvent apprécier leur technologie. Ils pensent que leur mode de vie est le meilleur et ils apprécient l’environnement dans lequel ils vivent.

 

 

Indienne de la tribu des Béothuks, en 1819

Au début, les Béothuks ne touchent pas à l’attirail de pêche ni aux bateaux laissés par les Basques sur la grève. Par la suite, ils ramassent ce qu’ils y laissent afin d’acquérir des produits européens (hachettes, couteaux, lignes, hameçons). Les pêcheurs qualifient ces gestes de pillage. Ils traitent les Béothuks de «mauvaises gens» et de «peuples rudes et cruels». Dès la fin du 16e siècle, les rapports entre les deux groupes se détériorent. Les pêcheurs, qui s’établissent le long du littoral, accaparent de plus en plus d’espace pour le séchage du poisson. Cette appropriation du territoire par les Européens fait en sorte que les Béothuks sont repoussés et contraints de se réfugier de plus en plus loin à l’intérieur de l’île. Cette présence européenne limite leur accès aux endroits de pêche qui assurent la subsistance du groupe. De plus, l’exploitation des ressources de l’île, la coupe de bois pour le chauffage et la construction, ainsi que de vastes incendies de forêt, bouleversent l’équilibre écologique de l’île. Le mode de vie traditionnel et la survie des Béothuks sont menacés.

Avec la colonisation de cette région, les relations des Béothuks avec les Français et les Anglais s’enveniment. Elles deviennent carrément hostiles. Les Béothuks sont traqués par les pêcheurs, les Français mettent leurs têtes à prix et les Anglais les chassent. De nombreux meurtres sont commis. Au début du 19e siècle, il ne reste que 72 Béothuks. La dernière représentante connue de ce peuple, Shawnadithit, meurt en 1829. Divers facteurs expliquent leur rapide disparition: l’intrusion d’étrangers sur leurs terres, qu’ils ne peuvent défendre sans aviver leur haine et être pourchassés, l’inaccessibilité à la mer et à ses ressources pour se nourrir, les guerres avec les Autochtones, dont les Micmacs, les conflits avec les Européens ainsi que les épidémies.

Le caractère de l'Amérindien 1632

Tous les Sauvages, en général, ont l'esprit et l'entendement assez bons et ne sont point si grossiers et si lourdauds que nous nous imaginons en France. Ils sont d'une humeur assez joyeuse et contente; toutefois ils sont un peu saturniens taciturnes, ils parlent fort posément, comme se voulant bien faire entendre, et s'arrêtent aussitôt en songeant un grand laps de temps, puis reprennent leur parole. Et cette modestie est cause qu'ils appellent nos Français femmes, lorsque, trop précipités et bouillants en leurs actions, ils parlent tous à la fois et s'interrompent l'un l'autre. Ils craignent le déshonneur et le reproche et ils sont excités à bien faire par honneur puisqu'entre eux est toujours honoré celui qui a fait quelque bel exploit.

Pour la libéralité, nos sauvages sont louables en l'exercice de cette vertu, selon leur pauvreté, car, quand ils se visitent les uns les autres, ils se font des présents mutuels et, pour montrer leur galantise, ils ne marchandent point volontiers et se contentent de ce qu'on leur baille donne honnêtement et raisonnablement, méprisant et blâmant les façons de faire de nos marchands qui barguignent une heure pour marchander une peau de castor. Ils ont aussi la mansuétude et la clémence en la victoire envers les femmes et petits enfants de leurs ennemis, auxquels ils sauvent la vie, bien qu'ils demeurent leurs prisonniers pour servir.
Ce n'est pas à dire pourtant qu'ils n'aient de l'imperfection, car tout homme y est sujet et, à plus forte raison, celui qui est privé de la connaissance d'un Dieu et de la lumière de la foi, comme sont nos Sauvages, car si on vient à parler de l'honnêteté et de la civilité, il n'y a pas de quoi les louer, puisqu'ils n'en pratiquent aucun trait, excepté ce que la simple nature leur dicte et enseigne. Ils n'usent d'aucun compliment entre eux et sont fort malpropres et mal nets en l'apprêt de leurs viandes nourriture.

Un portrait de l'Amérindien au 17e siècle

Il est juste à présent, pour contenter pleinement la curiosité du Lecteur, de lui faire ici un portrait naturel de leurs mœurs en général, et un abrégé des bonnes et mauvaises qualités des Gaspésiens Micmacs, soit du corps, soit de l'esprit.
Ils sont tous naturellement bien faits de corps, d'une riche taille, haute, bien proportionnée, et sans aucune difformité; puissants, robustes, adroits, et d'une agilité surprenante, surtout quand ils poursuivent les orignaux, dont la vitesse ne cède point à celle des daims et des cerfs. Les hommes sont plus grands que les femmes, qui sont presque toutes petites; mais les uns et les autres d'un maintien grave, sérieux, et fort modeste; marchant posément, comme s'ils avaient toujours quelque grosse affaire à ruminer, et à décider dans leur esprit. Leur couleur est brune, olivâtre et basanée; mais leurs dents sont extrêmement blanches, peut-être à cause de la gomme de sapin, qu'ils mâchent fort souvent, et qui leur communique cette blancheur. Cette couleur cependant ne diminue rien de la beauté naturelle des traits de leur visage: et on peut dire avec vérité, qu'on voit dans la Gaspésie d'aussi beaux enfants, et des personnes aussi bien faites qu'en France; entre lesquelles il n'y a pour l'ordinaire ni bossus, boiteux, borgnes, aveugles, ni manchots.
Ils jouissent d'une santé parfaite, n'étant pas sujets à une infinité de maladies comme nous: ils ne sont ni trop gras, ni trop maigres; et l'on ne voit pas chez les Gaspésiens, de ces gros ventres pleins d'humeurs et de graisse: aussi les noms de gouttes, de pierre, de gravelle, de galle, de colique, de rhumatisme, leur sont entièrement inconnus.
Ils ont tous naturellement de l'esprit, et le sens commun au-delà de ce qu'on se persuade en France; ils conduisent adroitement leurs desseins, et prennent des moyens justes et nécessaires, pour y parvenir heureusement; sont fort éloquents et persuasifs parmi ceux de leur Nation, usant de métaphores et de circonlocutions fort agréables dans leurs harangues, qui sont très éloquentes, particulièrement quand elles sont prononcées dans les Conseils et les Assemblées publiques et générales.

Une comparaison entre les sociétés au début du 18e siècle

Enfin, pour vous tracer en raccourci le Portrait de ces Peuples: avec un extérieur sauvage, des manières et des usages, qui se sentent tout à fait de la barbarie; on remarque en eux une société exempte de presque tous les défauts, qui altèrent si souvent la douceur de la nôtre. Ils paraissent sans passion, mais ils sont de sang-froid, et quelquefois par principe, ce que la passion la plus violente et la plus effrénée peut inspirer à ceux, qui n'écoutent plus la raison. Ils semblent mener la vie du monde la plus misérable, et ils étaient peut-être les seuls heureux sur la Terre, avant que la connaissance des objets, qui nous remuent et nous séduisent, eût réveillé en eux une cupidité, que l'ignorance retenait dans l'assoupissement, et qui n'a pourtant pas encore fait de grands ravages parmi eux. On aperçoit en eux un mélange des mœurs les plus féroces et les plus douces, des défauts des Bêtes carnassières, et des vertus et des qualités de cœur et d'esprit, qui font le plus d'honneur à l'Humanité. On croirait d'abord qu'ils n'ont aucune forme de gouvernement, qu'ils ne connaissent ni loi, ni subordination, et que vivant dans une indépendance entière, ils se laissent uniquement conduire au hasard et au caprice le plus indompté; cependant ils jouissent de presque tous les avantages, qu'une autorité bien réglée peut procurer aux Nations les plus policées. Nés libres et indépendants, ils ont en horreur jusqu'à l'ombre du pouvoir despotique, mais ils s'écartent rarement de certains principes et de certains usages, fondés sur le bon sens, qui leur tiennent lieu de Loi, et qui suppléent en quelque façon à l'autorité légitime. Toute contrainte les révolte, mais la raison toute seule les retient dans une espèce de subordination, qui pour être volontaire, n'en atteint pas moins au but, qu'ils se sont proposés.

Le voyage durant la traversée de l'Atlantique

Avant de s’installer en Nouvelle-France, l’immigrant français devait affronter les périls de la traversée. Ce voyage représentait de nombreux dangers. Les navires affrontaient les tempêtes et les bancs de brume qui cachaient les glaces flottantes qu’il fallait contourner afin d’éviter un naufrage. L’absence de vent empêchait le navire d’avancer. Dans ces conditions, la durée de la traversée était imprévisible. Elle dépendait de la température et des vents. Le voyage vers l’Amérique pouvait prendre deux mois à deux mois et demi environ. Mais il pouvait se prolonger pendant près de 100 jours. Le retour vers la France était toujours plus rapide à cause des vents d’ouest plus favorables. Il prenait un peu plus d’un mois en moyenne.
Les navires mesuraient entre 37 et 57 mètres de long, mais d’autres plus petits effectuaient aussi la traversée vers la Nouvelle-France. Le nombre de membres de l’équipage et de passagers variaient selon l’importance du bateau. On transportait aussi des marchandises, des provisions pour la traversée et des animaux vivants qui seraient consommés pendant le voyage. Dans ces navires, l’espace était très restreint et il n’y avait aucun confort. Les passagers dormaient dans des lits superposés ou des hamacs. Leurs journées étaient monotones. Trois repas par jour étaient servis. Au menu du petit-déjeuner : des biscuits souvent agrémentés de vers après quelques semaines de navigation. Pour le dîner et le souper, un potage nourrissant et, quelques fois par semaine, du poisson ou de la viande salée. Le breuvage principal était la ration quotidienne d’eau. Il y avait aussi du cidre et du vin, ces breuvages étaient également disponibles en quantité limitée.
Dès les premiers jours de la traversée, plusieurs passagers étaient atteints du mal de mer. Un mal très désagréable, mais qui n’était pas dangereux. Par contre, le mal de terre, connu sous le nom de scorbut, pouvait provoquer la mort. Cette maladie était due à un manque de vitamine C surtout causé par l’alimentation sèche et salée consommée pendant le voyage. Diverses fièvres faisaient souvent de nombreuses victimes. Des épidémies mortelles survenaient aussi à cause des mauvaises conditions d’hygiène à bord. Par exemple, sur le navire, il était impossible de faire sa toilette et de laver ses vêtements, étant donné la rareté de l’eau potable. Conservée dans des tonneaux de bois, cette eau ne restait potable qu’une trentaine de jours au plus. Lorsque la traversée se prolongeait trop, le risque de famine survenait puisque les provisions s’épuisaient. Enfin arrivé à Terre-Neuve, on pouvait s’adonner à la pêche à la morue et manger une nourriture fraîche. On était prêt à affronter le nouveau milieu de vie.

Les principaux explorateurs et les principales routes d'exploration

Jacques Cartier dresse une croix à Québec 1534

Les explorations de Giovanni da Verrazano et de Jacques Cartier

Au début du 16e siècle, deux expéditions officielles sont commanditées par le roi français, celles de Giovanni Verrazano et de Jacques Cartier. Lors de son voyage, en 1524, Giovanni Verrazano longe les côtes nord-américaines depuis la Caroline du Nord, en passant par Terre-Neuve, jusqu’à l’île du Cap Breton. Sa prospection des côtes lui permet de conclure que ces terres forment un continent distinct, non pas une île comme on le croyait auparavant. Il nomme le territoire visité Nouvelle France.
Jacques Cartier est le premier explorateur à pénétrer à l’intérieur du fleuve Saint-Laurent au nom du roi de France. Le territoire qu’il visite est peuplé d’Autochtones. Des Iroquoiens sont installés sur l’une ou l’autre rive du fleuve qui constitue un axe de rencontres et d’échanges. Les Amérindiens désignent ces terres sous le nom de kanata; un mot iroquoien qui signifie village ou bourgade. Pour Cartier et ses contemporains, le mot Canada représente le territoire situé entre l’île-aux-Coudres et Hochelaga (Montréal).

À la fin du 15e siècle, plusieurs expéditions sont commanditées par les rois et les marchands européens. Christophe Colomb, qui atteint l’Amérique centrale, se croit arriver aux Indes (1492). Giovanni Caboto se rend à Terre-Neuve où les eaux foisonnantes de morues attireront les bateaux de pêche (1497). Un autre explorateur, Amerigo Vespucci, effectue des expéditions en Amérique du Sud (1499). Son prénom, Americus en latin, est à l’origine du mot Amérique.

Des Vikings à Terre-Neuve

À bord de leurs drakkars, des embarcations à voiles et à rames, des Vikings, aussi appelés Norrois, partent des pays scandinaves. Ils migrent vers l’ouest et fondent une importante colonie en Islande, à la fin du 9e siècle. De là, quelques familles repartent vers l’ouest et colonisent le sud du Groenland. Vers l’an 900, on y retrouve plusieurs de leurs établissements. Ils subsistent grâce à la chasse, à la pêche et à l’élevage. Ils effectuent également du commerce avec le nord de l’Europe et des échanges avec les Inuits et les Amérindiens. Le fer, le bois et le blé sont troqués contre des fourrures, de l’huile de phoque et des dents de morse.
Aux environs de l’an 1000, les Vikings fréquentent le Labrador et Terre-Neuve. Le site archéologique de l’Anse-aux-Meadows, sur la pointe nord-est de Terre-Neuve, atteste leur présence dans cette région. Les archéologues y ont retrouvé les vestiges de trois complexes d’habitation avec une forge. Les relations entre les Autochtones et les Vikings sont difficiles. Souvent, des conflits mettent fin aux tentatives d’échange entre les deux groupes. Les Vikings abandonnent finalement leur établissement à Terre-Neuve et cessent leurs expéditions le long des côtes nord-américaines.

Les pêcheurs européens et les premiers échanges

Dès le début du 16e siècle, les Autochtones du nord-est de l’Amérique entrent en contact avec les pêcheurs et les baleiniers européens. Leur pêche permet de subvenir aux besoins alimentaires de l'Europe dont les réserves de poisson sont épuisées. Rappelons qu’à cette époque, les catholiques doivent faire abstinence, c’est-à-dire ne pas manger de viande, pendant plus de 150 jours par année. La morue est recherchée pour sa chair et pour son huile extraite des foies. Tout comme l’huile de baleine, elle sert de lubrifiant et d’huile à lampe.

L'origine et le nombre de pêcheurs

Les pêcheurs et les baleiniers européens viennent régulièrement s’approvisionner dans le golfe du Saint-Laurent et les bancs de Terre-Neuve. Ils pêchent la morue et chassent la baleine. Des pêcheurs français (normands, bretons), basques (espagnols), anglais, hollandais et portugais s’y rendent en grand nombre. Vers 1570, les eaux poissonneuses de l’Atlantique Nord attirent en moyenne 300 navires et 4 000 personnes par année. Trente années plus tard, jusqu’à un millier de navires européens exploitent annuellement les ressources de ces eaux. À la même époque, une vingtaine de baleiniers basques et leur équipage sont également présente chaque année dans le détroit de Belle-Isle entre le Labrador et l’île de Terre-Neuve.

Les baleiniers et les morutiers

On rapporte en Europe de la morue verte et de la «morue sèche. La morue nettoyée et salée, afin de la conserver, est appelée morue verte. La préparation du poisson et la salaison s’effectuent en mer. Dans ce cas, les rencontres avec les Autochtones sont limitées. Les pêcheurs ne fréquentent la terre ferme que le temps de renouveler leurs provisions d’eau douce et de s’approvisionner en nourriture. Pour la morue sèche, il faut s’installer sur les rives pendant deux à trois mois. C’est-à-dire le temps de la pêche à bord de petites embarcations et du séchage, au soleil, du poisson placé sur des vigneaux (des échafauds ou treillis surélevés). Les pêcheurs, qui disposent de moins de sel que les premiers, pratiquent ce type de pêche et de conservation. La chasse à la baleine, une autre activité importante, nécessite aussi des bases terrestres. Les chasseurs s’installent pendant six mois pour chasser, dépecer et préparer les baleines. Ils en extraient l’huile grâce à des fours, puis l’entreposent. Leurs activités les mettent inévitablement en contact avec les Autochtones habitant ces régions.

Les premiers échanges entre Européens et Autochtones

Le long des côtes, les Autochtones rencontrent les pêcheurs et les chasseurs installés sur la terre ferme pour la saison. Ils en profitent pour faire un peu de troc. Ils échangent de la viande, du poisson, des peaux de castor et d’orignal contre des objets d’origine européenne comme des chaudrons de cuivre utiles pour la cuisson, des aiguilles et des grattoirs. Les objets en fer tels les couteaux, les haches, les pointes de flèche et d’autres outils tranchants, suscitent le plus d’intérêt. Ces articles européens se répandent dans le Nord-Est par les voies commerciales autochtones. Ils servent à consolider les alliances économiques et politiques entre les nations.

l'expansion coloniale

Les premières tentatives de colonisation européenne en Amérique du Nord échouent au 16e siècle. Celle des Français chez les Iroquoiens de la vallée du Saint-Laurent, avec Jacques Cartier en 1541, dure à peine un an. Une colonie portugaise est établie dans la région du Cap-Breton ou de l’Île-du-Prince-Édouard en territoire micmac (entre 1521 et 1525). Elle n’a pas davantage remporté de succès. Celle des Anglais, en Virginie (entre 1585 et 1590), est aussi abandonnée.
Les Européens apprendront que pour s’adapter au nouveau milieu et y survivre la coopération et les alliances avec les Autochtones sont essentielles. C’est avec Samuel de Champlain que l’expansion de la colonisation débutera véritablement. Le commerce des fourrures donnera naissance aux premiers postes de traite comme celui de Tadoussac, situé à l’embouchure du Saguenay, en territoire innu. Ces postes sont localisés dans les lieux traditionnels de rencontre des Autochtones. Le désir des puissances européennes d’exploiter les richesses du pays, de prendre possession de nouvelles terres, ainsi que le besoin de s’approvisionner en fourrures, poussent les Européens à envisager des établissements permanents.

Les établissements européens

Les Français s’installent d’abord en Acadie à l’île Sainte-Croix (1604), en territoire malécite, puis à Port-Royal (1605) en territoire micmac où le chef Membertou accueille Samuel de Champlain et ses hommes. Les Français s’établissent ensuite à Québec (1608) et construisent l’Habitation de Québec. À ce moment, la vallée du Saint-Laurent est fréquentée par les Innus et les Algonquins. Ils ont remplacé les populations iroquoiennes qui occupaient autrefois ce territoire.
De leur côté, les Anglais fondent une première colonie permanente à Jamestown en Virginie (1607). Les Puritains, des dissidents religieux anglais, se fixent plus tard à Plymouth, Massachusetts (1620). Afin d'exploiter le réseau commercial de la vallée de l'Hudson, les Hollandais s’installent à New York (1609). Les Suédois choisissent plutôt la Pennsylvanie (1645). Au milieu du 17e siècle, des colonies françaises, anglaises, hollandaises et suédoises jalonnent la côte est de l’Amérique du Nord.

La perception du Nouveau Monde par les colons

À l’arrivée des colons européens, le paysage naturel du continent américain est encore à peu près intact. Les Autochtones n’ont pas vraiment modifié la nature, sauf d’une façon temporaire. Les explorateurs, et plus tard les premiers colons, parlent de la nature idyllique du Nouveau Monde. Ils vantent sa salubrité et son abondance. Les forêts ne manquent pas et les richesses de la faune et de la flore sont inouïes. Les cours d’eau abondent en poissons de toutes sortes et la pêche y semble prodigieuse. Une grande variété de volatiles (oie blanche, outarde ou bernache, sarcelle, perdrix) survole le pays. Les observateurs ont décrit des migrations énormes de tourtes, d’outardes et de canards qui, à leur passage, obscurcissent le ciel. Ils mentionnent aussi l’immensité du territoire et la disponibilité des terres, contrairement à l’Europe où elles se font déjà rares à cette époque. Les hivers longs et rigoureux surprennent aussi les premiers colons.

La vie en France

Pendant la première moitié du 17e siècle, au moment où les contacts entre Amérindiens et Européens se multiplient, la France est marquée par de nombreuses guerres avec l’Angleterre, l’Espagne, les Pays-Bas et d’autres pays. À l’intérieur même de la France, les catholiques et les protestants s’affrontent avec violence dans le cadre des guerres de religion. À la même époque, la chasse aux sorcières atteint son apogée. La France, dont l’économie est en crise, est également agitée par des soulèvements populaires contre l’absolutisme de l’autorité royale. Les épidémies, les famines et les guerres affectent durement les paysans qui regroupent la majorité (90%) de la population française. Une petite classe de privilégiés, formée de nobles, s’en tire mieux.

L'influence des Amérindiens sur les colons français

Les Européens empruntent au monde amérindien des connaissances géographiques, botaniques et fauniques. On découvre le continent et on exploite ses ressources, principalement les fourrures, grâce à l'aide autochtone. On recueille des informations auprès de ceux-ci à propos des peuples habitant les diverses régions, de la faune, des différents usages de la flore (dont l'utilisation des plantes médicinales) et des ressources (comme les sites de mines de cuivre ou de plomb). On s'initie aux nouvelles techniques d'orientation en forêt, de chasse et de pêche comme le pistage, la trappe et la pêche sous la glace.
En 1634, le premier hivernement des habitants à Trois-Rivières s’avère difficile. Le scorbut cause le décès de quelques colons et la faim tenaille les premiers occupants. On réussit finalement à remédier au manque de vivres grâce à l’aide d’un Amérindien qui montre aux Trifluviens à pêcher sous la glace.

Les coureurs des bois

Plusieurs jeunes gens migrent vers les régions de traite. On les a nommés coureurs de bois. Ces hommes étaient attirés par les profits rapides que procurait la traite des fourrures et par la liberté du mode de vie des Autochtones. Ils quittaient la colonie pour faire la traite et pour vivre auprès des Amérindiens dont ils adoptaient le mode de vie.

L’éducation des enfants

L'éducation des enfants semble aussi touchée. Le grand amour des Amérindiens pour leurs enfants est un thème qui revient fréquemment dans les écrits des 17e et 18e siècles. Selon les critères européens, cet amour est souvent jugé démesuré. Les missionnaires parlent de « tendresse extraordinaire  ou encore d'amour excessif  pour les enfants. Ils se plaignent de la très grande liberté accordée aux enfants et du mode d'éducation où l’on refuse de recourir à la violence pour dresser les jeunes. Selon le missionnaire jésuite Paul Le Jeune, les Autochtones ne peuvent supporter qu'on châtie leurs enfants, non pas même de paroles; ne pouvant rien refuser à un enfant qui pleure. En 1707, l'intendant de la Nouvelle-France se plaindra du fait que les habitants de ce pays-ci les Canadiens n’ayant jamais d’éducation à cause de la faiblesse qui vient d’une folle tendresse que les père et mère ont pour eux dans leur enfance, imitant en cela les sauvages, ce qui les empêche de les corriger et discipliner.

La guerre à l’indienne

À l'école indienne, les Canadiens ont appris à faire la  petite guerre. Une guerre d'embuscade, proche de la chasse, mieux adaptée aux conditions du nouveau pays. Le guerrier y possède beaucoup d'autonomie et de mobilité contrairement aux soldats des grandes armées européennes s'affrontant, en rangée et à découvert, sur d'immenses champs de bataille.

Les efforts de christianisation des missionnaires

Les Français, qui s’établissent dans la vallée du Saint-Laurent, désirent évangéliser et civiliser les Autochtones, c’est-à-dire les transformer en Français catholiques. Dès les débuts de la colonie, les dirigeants mettent de l’avant des moyens pour y parvenir: l’éducation des jeunes, le mariage mixte (le mariage entre Autochtones et Français), l’évangélisation et la sédentarisation.
Des missionnaires et des religieuses prennent en charge ces projets d’assimilation. Certains se consacrent à l’étude des langues autochtones afin de gagner leur amitié et de transmettre plus efficacement leur enseignement. Des missionnaires se rendent en mission dans les communautés amérindiennes. Leur connaissance de la langue et des cultures en font de précieux intermédiaires pour les dirigeants coloniaux. Notons qu’à la même époque, en France, des missionnaires parcourent déjà les campagnes pour changer les mœurs des paysans français qu’ils considèrent aussi comme des païens.
Les Français croient fermement que les Autochtones s’apercevront rapidement des avantages de leur mode de vie et qu’ils l’adopteront aussitôt. Au début, on pense que les efforts d’évangélisation dans les réserves et les missions éloignées portent fruit.

Une colonie qui repose sur le commerce des fourrures

Dès le début du 17e siècle, les commerçants français établissent des postes de traite, entre autres, à Tadoussac et à Québec. Afin de réglementer le commerce des fourrures, le roi de France accorde le monopole de la traite à certaines compagnies. En échange, la compagnie s’engage à explorer le territoire, à aider à convertir les Autochtones à la foi catholique, à peupler et à développer la colonie. Les compagnies ne remplissent pas leurs engagements en ce qui concerne le peuplement de la colonie et l’évangélisation des Autochtones. Quant à lui, le commerce des fourrures reste rentable malgré les profits qui varient irrégulièrement selon les années. La colonie se développe autour du commerce des fourrures.

La traite des fourrures devient donc la base de l’économie de la Nouvelle-France. À partir de 1715, ce commerce prend beaucoup d’ampleur. En dehors de ses retombées économiques, il mène à l’exploration de régions situées plus à l’ouest. C’est à cette époque que Gaultier de la Vérendrye explore l’intérieur du continent. Avec ses fils, il fonde des postes de traite dans l’ouest. Ils se rendent jusqu’au pied des Rocheuses. Ces explorations permettent au roi de France de revendiquer le droit d’occuper un plus vaste territoire pour le coloniser. Elles mènent aussi à l’élargissement du réseau de traite des fourrures.
Malgré le développement de l’agriculture et d’industries, comme les forges du Saint-Maurice et la construction navale à Québec, le commerce des fourrures représente toujours au milieu du 18e siècle environ 70% des exportations vers la France. L’économie de la Nouvelle-France repose donc sur cette ressource. Entre 1660 et 1760, le nombre de peaux de castor expédiées en France est évalué à 25 millions. À ces peaux, s’ajoutent les peaux de renard, de martre, d’ours, de caribou, de rat musqué et d’autres mammifères.

Les réactions provenant des personnages politiques autochtones

Dès les premières rencontres avec les Européens, des chefs autochtones réagissent à leur façon de s’approprier le territoire. Les Autochtones ne sont pas réduits au silence, ils affirment leur préférence, expriment leur mécontentement ou s’objectent selon les circonstances.

À la fin du 16e siècle, les peaux de castor sont très appréciées en Europe pour la confection de chapeaux dont la mode se répand dans les classes aisées. La demande pour les fourrures en provenance d’Amérique du Nord s’accroît à mesure que ces chapeaux deviennent plus populaires et que les réserves européennes de castor s’épuisent. Elle prend tellement d’ampleur qu’on organise des expéditions chargées uniquement de rapporter des fourrures. Ce commerce est à l’origine de la colonisation du territoire.

Les chapeaux faits de peau de castor étaient très en demande

La christianisation des peuples autochtones

Le couvent des Ursulines, accueille des enfants amérindiens. Cependant, ceux-ci tolèrent mal la vie réglée, derrière des portes closes, et s’enfuient à la première occasion. Les autorités françaises, lors des négociations de paix avec les Iroquois, demandent toujours à ceux-ci d’envoyer quelques-uns de leurs enfants au couvent de Québec. En fait, elles pensent que les Amérindiens retiendront leurs attaques pour ne pas blesser leurs enfants.

Les premiers Européens à débarquer en Nouvelle-France ont sous-estimé l'importance de l'univers religieux autochtone. Ne voyant parmi eux aucun lieu de culte ni de religieux, ils concluent à l'absence de religion. Mais l'importance et la complexité de l'univers spirituel autochtone sont peu à peu dévoilées lors des rencontres qui deviennent plus fréquentes. Les missionnaires se rendent compte que la vie quotidienne est empreinte de spiritualité, qu’elle est imprégnée d'une vision religieuse des choses. Malgré l’échec relatif des projets d’assimilation, le travail des missionnaires va déstabiliser les individus et les communautés. L’activité missionnaire remet en cause plusieurs aspects de la civilisation amérindienne dont la conception de la famille, la place de la femme et les relations entre les personnes.

Les maladies européennes

Depuis des millénaires, l’Europe, l’Asie et l’Afrique entretenaient des contacts réguliers. L’Amérique, étant restée en dehors de ce circuit d’échanges, les habitants du continent étaient isolés géographiquement et protégés de nombreuses maladies. Dès les premières rencontres entre Autochtones et Européens, c’est-à-dire à l’époque des pêcheurs et des premiers explorateurs, les maladies commencent à circuler. L’impact des nouvelles maladies qui se répandent en Amérique est terrible, c’est une véritable catastrophe démographique.
Des maladies dévastatrices

Les Autochtones ignorent la plupart des infections présentes en Europe. N’ayant pas développé d'immunité, ils sont très vulnérables face à ces celles-ci. Quelles sont donc ces maladies qui font tant de ravages ? Parmi les affections introduites en Amérique, l’on retrouve: les fièvres typhoïdes, la blennorragie, la diphtérie, la coqueluche et la syphilis. Cette dernière maladie existait aussi en Amérique, mais sous une autre forme. D’autres infections, comme la pneumonie, même la grippe et des maladies d’enfants (rougeole, roséole, rubéole, varicelle, scarlatine) sont souvent mortelles pour les Autochtones qui en sont atteints.

La variole, la rougeole et le typhus restent les maladies les plus meurtrières. En Europe, la variole (picote ou «petite vérole) touchait surtout les enfants; en Amérique, cette infection est celle qui fait le plus de ravages parmi les Autochtones. La variole se transmet directement, d’individu à individu, mais également par des couvertures et des vêtements. Elle est très contagieuse.

Les guerres coloniales et leurs effets

Défaite des Iroquois au lac de Champlain

À la fin du 17e siècle, les rivalités entre Français et Anglais dépassent la question du commerce. Il s’agit alors d’un affrontement entre deux empires qui souhaitent coloniser le territoire. Les guerres entre Français et Anglais, qui sont déclarées en Europe, se répercutent en Amérique et deviennent ce qu’on nommera les guerres franco-anglaises. Les Amérindiens, à titre d’alliés de l’un ou de l’autre camp, y seront impliqués.

Les Autochtones autour des postes français

Tentes de Montagnais et de Naskapis

À cause de l’intérêt suscité par le commerce des fourrures, puis de la détérioration des conditions de vie à la suite des épidémies et des guerres, diverses nations autochtones se rapprochent des Français et fréquentent leurs établissements. Ces Autochtones établis dans des villages près des colons sont nommés les Amérindiens domiciliés.

Les Amérindiens domiciliés

Campement de la pointe Lévis

En tout, cinq nations viennent habiter dans les missions (villages) situées à proximité des colons français dans la vallée du Saint-Laurent : les Algonquins, les Innus-Montagnais, les Hurons, les Iroquois et les Abénakis. Ils y viennent pour différentes raisons :

Se rapprocher dans le but de faire la traite des fourrures, fuir leurs ennemis, se réfugier parce qu’ils ont été délogés de leur territoire, échapper aux tensions entre convertis et traditionalistes (non convertis) qui existent dans leur village, profiter des avantages matériels qu’offrent les missionnaires dans les réserves trouver un abri et de la nourriture

Les Autochtones viennent s’installer près des Français à titre d’alliés et non de sujets. Les habitants de ces villages représentent de précieux alliés militaires pour les Français. Ils protègeront et défendront la colonie.

L’exemple des Abénakis (1705)

Sa Majesté est persuadée que c'est à bonne fin qu'il a porté les Abénakis à venir s'établir parmi les Français, elle ne laisse pas cependant d'y trouver de l'inconvénient parce que partie de ces Sauvages étant restés dans leurs anciennes habitations, il est à craindre que les Anglais ne les accablent et que nous ne perdions cette barrière qui occupent les Anglais du côté de Pentagouet et que ceux qui sont venus dans la Colonie ne soient beaucoup à charge, cependant, puisque cela est fait, il n'y a qu'à le laisser subsister, il fera savoir dans la suite l'effet que ce changement aura produit

Le village abénaki de Wôlinak (1721)

Le village abénaki de Bécancour n'est pas présentement aussi peuplé qu'il l'était il y a quelques années. Il ne laisserait pourtant pas de nous être d'un grand secours, si la guerre recommençait. Ces Sauvages sont les meilleurs partisans du pays, et toujours disposés à faire des courses dans la Nouvelle-Angleterre, où leur nom seul a souvent jeté l'épouvante jusque dans Boston. Ils ne nous serviraient pas moins bien contre les Iroquois, à qui ils ne cèdent point en valeur, et qui ne sont pas aussi bien disciplinés qu'eux.

Les Amérindiens : des alliés indispensables à la colonie

Champlain explorant l’intérieur du continent

Dès le début du 17e siècle, les relations entre Autochtones et Européens s’élaborent dans le cadre d’ententes entre nations. Elles sont essentielles afin d’assurer le succès du commerce des fourrures et des premiers établissements européens. Pour les Amérindiens, l’alliance vise le maintien de leur position dans le réseau commercial déjà existant avant l’arrivée des Européens, l’acquisition de nouveaux produits et l’appui militaire en cas de besoin. Pour eux, devenir partenaires implique la réciprocité dans le commerce et dans la guerre. Les échanges, dans quelque domaine que ce soit, doivent s’équilibrer.


12/01/2013
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Territoire et population Iroiquoises vers 1500

Les sociétés Iroquoises comptaient une vingtaine de nations sédentaires dont la population était dispersée dans une centaine de villages.

Localisation

Les sociétés Iroquoises occupaient le sud des Grands Lacs (lacs Huron, Érié et Ontario), l'État de New York et la vallée du Saint-Laurent. Les Hurons-Wendats et les Iroquois en sont les représentants les mieux connus. Certaines nations iroquoiennes comme les Andastes, les Ériés, les Neutres et les Pétuns sont aujourd’hui disparues.

 Les Iroquois du Saint-Laurent

Vers l'an 1 000, des populations iroquoiennes habitaient le long du fleuve Saint-Laurent. Leurs villages étaient répartis entre les villes actuelles de Québec et de Montréal. Les Iroquois du Saint-Laurent partageaient le même mode de vie que les autres membres des familles iroquoises. Ils vivaient des produits que leur procuraient l’agriculture, la pêche, la chasse et la cueillette. Pendant la seconde moitié du 17e siècle, ces populations iroquoiennes ont mystérieusement disparu. Les archéologues tentent toujours de résoudre cette énigme.
Les Hurons-Wendats : les gens de la péninsule

Les Hurons-Wendats étaient établis sur une péninsule située au sud-est du lac qui porte leur nom dans le sud de l'Ontario. Cinq nations parlant une langue similaire et partageant des intérêts communs étaient membres de la fédération huronne-wendate. La population était répartie dans une vingtaine de gros villages situés l’un près de l’autre.

 La fédération huronne-wendate

Arendahronons                    La nation du Rocher ou de la Pierre

Ataronchronons                   La nation du Marais ou de l'Argile

Attignaouantans                  La nation de l’Ours

Attignéénongnahacs            La nation de la Corde

Tahontaenrats                     La nation du Chevreuil

 Les Iroquois : les « gens de la maison longue »

La Ligue des Iroquois, ou Ligue Ho-de'no-sau-nee, est une fédération qui regroupait cinq nations. Les membres de la Ligue des Iroquois occupaient une région comprise entre l'État de New York et le sud du lac Ontario.

 

Les termes français pour désigner les nations iroquoises sont d'origine huronne-wendate. Ils seraient plus proches du nom que ces nations se donnaient elles-mêmes avant leur rencontre avec les Européens. On utilise souvent les termes anglais qui apparaissent entre parenthèses.

Qualité du sol et reliefs

Les Iroquois habitaient des terres fertiles argileuses ou sablonneuses et riches en ressources de toutes sortes. Au pays des Hurons-Wendats, on retrouvait des petites collines et de très belles plaines. Mais le sol sablonneux qui retenait peu l'eau, manquait parfois d'humidité ce qui affectait les récoltes. Il y avait aussi les Adirondaks, des chaînes de montagnes importantes situées au sud et à l’est dont le sommet le plus élevé atteignait 1638 mètres. Sur la rive gauche de l’Hudson, soit au sud-est de cette même chaîne de montagnes, s’élevait le massif des Catskill et les Green Mountains.

Flore

Une grande variété de petits fruits tels que les fraises, les framboises, les bleuets et les mûres faisait le régal des Iroquois. Dans les régions fréquentées par les Iroquois, des centaines de plantes médicinales ou comestibles étaient également utilisées pour se nourrir ou se guérir.

Faune

Les Iroquois du Saint-Laurent profitaient des eaux poissonneuses du fleuve et des forêts giboyeuses des alentours. Les rivières et les lacs d’Huronie et d’Iroquoise renfermaient de grandes quantités de poissons et de tortues. On y retrouvait plus de 70 espèces de poissons (aloze, anguille, barbue, brochet, carpe, doré, corégone, esturgeon, saumon, truite, flétan, hareng, maquereau, morue, perchaude, etc.) et des crustacés. L'esturgeon de lac était une espèce présente en abondance dans la région des Grands Lacs. Il remontait les rivières à l'automne pour frayer. Le saumon de l’Atlantique remontait également l’Hudson pour nager ensuite dans le Saint-Laurent et le lac Ontario.
Quelques espèces d’oiseaux migrateurs, comme les grues et les oies, faisaient escale dans les régions habitées par les Iroquois. Au pays des Hurons-Wendats, on dénombrait de grandes quantités de dindons sauvages (coqs d'Inde).
Dans les forêts environnantes, le gibier comme le cerf (chevreuil), l’ours et le castor était très abondant. On retrouvait aussi des martres, des loups et des écureuils noirs.
Les chevreuils et les wapitis
Dans le pays des Hurons-Wendats et de leurs voisins, les Neutres, les chevreuils étaient innombrables. On raconte qu’ils pouvaient être jusqu’à des centaines rassemblés au même endroit. Par contre, il n’y avait pas de chevreuil dans la vallée du Saint-Laurent. On chassait également les wapitis présents dans l’Est de l’Amérique du Nord jusqu’à Montréal et en Estrie. Cette espèce, le wapiti de l’Est, est aujourd’hui éteinte. Il existe toujours une sous-espèce de ce cervidé dans l'Ouest de l'Amérique du Nord.

Voici des illustrations d'animaux qui ont été réalisées au 17e siècle par Louis Nicolas :

Illustrations de Louis Nicolas (1634-après 1678)

Feuillus et conifères

Les feuillus (bouleau, cèdre, chêne, hêtre, orme, tilleul, hickory) et les conifères de diverses espèces (pins, sapins) poussaient en grande quantité dans les territoires occupés par les Iroquois. Toutefois, les Iroquois habitaient une région où le bouleau ne poussait pas mais où le pin était très présent. Diverses sortes d'arbres, comme l'hickory (noyer blanc) donnaient aussi des noix comestibles.  

Hydrographie

Trois des cinq Grands Lacs occupaient le territoire des Iroquois : les lacs Huron, Érié et Ontario. Les Iroquois vivaient près d'une grande étendue d'eau douce, le lac Ontario, et près de la rivière Hudson. Les Hurons-Wendats étaient situés sur une pointe de terre qui s'avance dans le lac qui porte leur nom. Leur territoire était aussi entrecoupé de plusieurs rivières (Richelieu, des Outaouais, Hudson, Susquehanna, etc.) et ruisseaux. Dans cette région, entourée d'eau, on retrouvait de grandes zones marécageuses.

 

Hydrographie des Grands Lacs

Population

La population iroquoienne du nord-est de l’Amérique est évaluée à environ 100 000 individus au début du 17e siècle. La nation huronne-wendate regroupait au moins 30 000 personnes à la même époque. Pour sa part, la population iroquoise comptait environ 15 000 individus au milieu du 17e siècle. Les sociétés iroquoises étaient probablement plus nombreuses avant cette date. Ces chiffres ne tiennent pas compte des effets dévastateurs des épidémies d'origine européenne.

Activités de subsistance

 

Les Iroquois qui pratiquaient l’agriculture vivaient essentiellement de leurs récoltes. La pêche, la chasse et la cueillette des petits fruits et des noix complétaient leur alimentation. L'importance respective de ces ressources variait selon les nations iroquoises et le milieu qu'elles habitaient. Certaines nations iroquoises vivant dans des régions moins propices à l'agriculture, dont les habitants de Stadaconé, dépendaient davantage de la pêche et de la chasse. D'autres, comme les Hurons-Wendats, étaient surtout des agriculteurs. Les Iroquois pratiquaient également des activités de subsistance au fil des saisons.

En plus du maïs, les femmes iroquoises cultivaient des courges, des haricots et des tournesols. Le maïs, la courge et le haricot étaient tellement bien associés dans leur esprit qu’elles nommaient ces plantes les trois sœurs. Cultivées ensemble, elles étaient bénéfiques pour le sol. Tandis que les feuilles du maïs protégeaient les courges du soleil et du vent, ses tiges servaient de tuteurs aux haricots grimpants.

Les haricots fixaient l’azote dans le sol et en retardaient l’épuisement. Quant à elles, les courges qui s'étendaient sur le sol limitaient la présence des mauvaises herbes et prévenaient l'érosion tout en conservant l'humidité du sol. Cette connaissance de ce que l'on appelle aujourd'hui le compagnonnage des plantes dénote une observation attentive de la part des agricultrices autochtones.

Les techniques agricoles des Iroquoises donnaient de très bons rendements. Leurs méthodes permettaient l'accumulation de larges surplus pour l'hiver et même de réserves pour deux, trois ou quatre ans, en cas de mauvaise récolte.

Une fois leurs besoins comblés, les surplus accumulés étaient échangés avec d’autres nations autochtones contre divers produits.
L'agriculture des Wendates et des Iroquoises

Les Huronnes-Wendates avaient acquis une longue expérience dans le domaine de l’agriculture. Elles cultivaient d’immenses champs de maïs qui entouraient leurs villages. Le récollet Gabriel Sagard, un missionnaire qui visitera leur pays, la Huronie, au début du 17e siècle, mentionnera qu’il est plus facile de s’y perdre dans un champ de maïs que dans une forêt.
Comme les Huronnes-Wendates, les femmes iroquoises pratiquaient également l'agriculture. Un observateur du 17e siècle mentionnera que les Onontagués cultivent des champs de maïs qui s’étendent sur une distance de trois kilomètres autour de leur village.

La préparation des champs, les semences et les récoltes

Les hommes avaient pour tâche de défricher les terres nécessaires à l’agriculture en pratiquant la méthode d’abattage des arbres par brûlis. Ils enlevaient l’écorce et les branches des arbres puis les faisaient brûler à leurs pieds après avoir appliquer une couche d’argile sur leur tronc pour empêcher la propagation du feu dans la cime des arbres.
L'arbre brûlé était ainsi plus facile à couper à l'aide d'une hache faite d'une pierre très dure et peu cassante. Avec le temps, les souches pourrissaient et pouvaient facilement être déracinées. Toutes les autres tâches reliées à l'agriculture, des semences en passant par l'entretien des champs jusqu'à la récolte, revenaient aux femmes aidées des enfants. Seule la culture du tabac était réservée aux hommes.

Dès que les neiges étaient fondues, les femmes se réunissaient dans les champs situés près du village. À l’aide de l’herminette et du houx, elles préparaient le sol pour les semences. Elles formaient de petites buttes où elles semaient de neuf à dix grains de maïs. Ces grains avaient déjà été placés entre deux écorces humides pour hâter leur germination.

Pendant l’été, elles entretenaient leurs jardins. Accompagnées de leurs enfants, elles arrachaient les mauvaises herbes et repoussaient les oiseaux qui venaient manger leur maïs.

À l'automne, les Iroquoises récoltaient le maïs et les autres plantes cultivées. Les épis de maïs cueillis étaient attachés en paquets à l’aide des feuilles qui les enveloppaient et qui étaient retournées vers le haut. Cette activité donnait lieu à la fête des récoltes. Pendant la nuit, les femmes et les hommes se rassemblaient dans les champs pour tresser le maïs. Les épis de maïs étaient ensuite disposés à l’intérieur de la maison, le long des murs, sur des perches où ils séchaient.
Une fois que le grain était sec et prêt à être serré, les femmes et les filles l'égrenaient, puis le nettoyaient. Ensuite, elles l’entreposaient dans de grands paniers d’écorce ou de grands vases en argile à l’intérieur des maisons. La plus grande partie du maïs récolté était ainsi séché, pilé, puis transformé en farine.

Chasse, pêche et piégeage. Les techniques de chasse et de piégeage

Pour s'assurer de bonnes chasses et de bonnes pêches, les Iroquois comptaient sur leur habileté, leur connaissance du territoire et les habitudes des animaux. Ils maîtrisaient aussi plusieurs techniques de pêche et de chasse qui leur permettaient de tirer profit de l’abondance des ressources pendant toute l'année. Les territoires de chasse, de pêche et de cueillette étaient partagés selon une entente conclue entre les groupes familiaux, les membres de la bande ou de la nation.
La plupart des Autochtones employaient les mêmes techniques de chasse et les mêmes armes (arcs et flèches, massues et lances). Différentes techniques afin d'attirer et de piéger le gibier existaient : les assommoirs, les collets, les filets, les trappes, les caches à canards et les appeaux. Le collet, fait de lanières de cuir ou de babiches, était souvent utilisé pour capturer le petit gibier comme le lièvre, mais aussi pour attraper de plus grands animaux comme le chevreuil. L'animal était pris au piège par le cou ou par la patte. Les oiseaux migrateurs, comme les oies sauvages, étaient aussi attrapés au collet, au filet ou à l'arc. Les perdrix et les tourtes (aujourd'hui disparues) étaient tellement abondantes qu'elles pouvaient même être prises au filet.

La grande chasse

Parmi les Iroquois, la chasse se pratiquait surtout pendant l'automne et l'hiver. Les hommes, qui partaient pour la grande chasse annuelle à l'automne, revenaient habituellement au village en décembre. Les Iroquois pourchassaient surtout les cerfs de Virginie, appelés chevreuils au Québec, et les ours noirs bien gras à l’automne. Ils chassaient aussi des castors, des lièvres, des martres, des loups et des écureuils noirs. Quant à la chasse aux oiseaux, elle prenait davantage d'importance à l'automne et au printemps. Les grues et les oies étaient attrapées au collet ou à l'arc.
Les Iroquois, qui retrouvaient moins de dindons et de chevreuils dans la région qu'ils habitaient, devaient s'éloigner davantage que les Hurons-Wendats pour la chasse. Les Iroquois quittaient leurs villages pendant plusieurs semaines pour chasser à l'intérieur des terres.

La chasse aux Chevreuils

Pour capturer les chevreuils, les Iroquois utilisaient la technique de rabattage. Plusieurs chasseurs se plaçaient dans les bois de manière à fermer une pointe de terre qui menait jusqu’à une rivière. Ils avançaient en criant et en faisant beaucoup de bruit. Les animaux effrayés fuyaient. Arrivés au bout de cette pointe de terre, qui formait un cul-de-sac, ils étaient pris au piège dans des filets. Sinon, les chasseurs les attendaient armés de leur arc et de leurs flèches. Certains animaux se jetaient à l’eau pour tenter de fuir, mais cela facilitait leur capture par les chasseurs qui étaient dans les canots. La battue était très efficace sur les îles où les cerfs abondaient. Les Iroquois et les Neutres avaient la réputation de courir aussi vite que les chevreuils même lorsqu'ils étaient chaussés de raquettes. Ainsi, ils en attrapaient en grande quantité.

La chasse à l'ours

Les chasseurs, qui savaient reconnaître la présence de l'ours dans les bois, s'approchaient prudemment de sa tanière et l'encerclaient. L'ours surpris ne pouvait pas s'échapper. Pour le faire sortir, les hommes frappaient l'arbre qui l'abritait et l'assommaient dès sa sortie. Les ours étaient aussi chassés à l'arc ou attrapés au piège. Lorsque les chasseurs capturaient un ourson, on le gardait parfois au village. Pendant deux à trois ans, il était enfermé dans un petit enclos fait de pieux de bois plantés en terre. Il était engraissé avec les restes de sagamité, puis mangé lors d'un festin.  

Samuel de Champlain, Les voyages de la Nouvelle France occidentale, dicte Canada, 1632. Champlain a laissé une description d'une chasse aux chevreuils à laquelle il participe, à l'automne 1615, en compagnie de chasseurs wendats. En 38 jours, ils capturent 120 cerfs au nord de Kingston (Ontario).

Des enclos à chevreuils

Les Hurons-Wendats utilisaient une technique tout à fait particulière pour chasser les cerfs. Ils organisaient de grandes chasses collectives qui réunissaient plusieurs dizaines de chasseurs pendant environ un mois. Accompagnés de leurs chiens, ils rabattaient les cerfs vers une sorte d’enclos, une palissade en forme de triangle. Des chasseurs armés d’arc et de flèches y attendaient les cerfs. Une fois entrés à l’intérieur, les cerfs ne pouvaient sortir que par une petite ouverture. Grâce à cette technique de chasse, les Hurons-Wendats pouvaient prendre jusqu’à cent cerfs en un mois environ.

Pendant qu’ils dirigeaient les cerfs vers les enclos, les Hurons-Wendats en profitaient pour découvrir où étaient établis les castors qu'ils traqueraient une fois la chasse aux cerfs terminée. Leur campement était souvent installé près d’un lac. Les hommes pouvaient y pêcher la truite. Ils prenaient aussi des loutres dans des pièges appâtés avec quelques-unes de ces truites qu'ils venaient de capturer.

La pêche

Plusieurs familles iroquoises vivaient dans des camps de pêche une bonne partie de l’année. Les femmes collaboraient à cette activité en sortant le poisson des canots et en l’apprêtant. Les Iroquoises connaissaient les périodes les plus favorables pour la capture des poissons et savaient où les trouver. L'été assurait un bon approvisionnement. Mais les saisons les plus propices pour pêcher étaient l’automne et le printemps à l’époque des migrations de certaines espèces (alozes, anguilles, saumon) et pendant les périodes de frai (esturgeons, barbues). L’automne, les pêcheurs accumulaient des surplus considérables de poissons qui permettaient de faire des provisions pour l’hiver à venir. L'hiver, la pêche à la ligne ou au harpon sous la glace permettait des captures occasionnelles.
Les Iroquois connaissaient diverses techniques pour s'assurer de bonnes pêches. Les Hurons-Wendats et les Iroquois utilisaient surtout des filets qu'ils tendaient le soir dans la rivière. Au matin, ils recueillaient cette manne. Ils capturaient les esturgeons avec des filets durant l'hiver ou avec un harpon pendant l'été. Les Iroquois construisaient aussi des barrages en des endroits précis y laissant de petites ouvertures où ils mettaient leurs filets. Des barrages étaient aussi dressés dans les cours d'eau. Ces sortes de murets faits de bois et de buissons empêchaient les poissons de passer tout en laissant l'eau circuler. Les filets et les flèches étaient aussi utilisés pour la pêche. 
 

Indiennes pêchant au harpon à la lueur d'une torche, au Canada-Est (Québec)
vers 1860.  Un flambeau, installé sur la pointe du canot, attirait les poissons lors des pêches nocturnes. Un pêcheur s'installait à l'avant du canot, un harpon à la main; un autre, assis derrière, dirigeait l'embarcation.

Les Iroquois pêchaient à la ligne en utilisant souvent comme appât la peau d'une grenouille. L'hameçon était formé d'un morceau de bois où était fixé un os qui servait de crochet. Lorsqu'ils voyageaient en canot, les Autochtones laissaient traîner la ligne derrière eux. Le harpon était fort utile en été quand l'anguille était abondante et pendant les pêches nocturnes faites à l'aide de flambeaux.

Cueillette

Selon les saisons, les Iroquoises ramassaient des petits fruits, des racines, des noix et des plantes médicinales.
Elles profitaient du printemps pour recueillir la sève d’érable. Pendant l’été, elles cueillaient des fraises, des framboises, des bleuets et des mûres. La récolte de ces petits fruits était assez importante pour donner lieu à la fête des fraises ou celle des framboises.
Les canneberges (atocas), les prunes, les petites cerises, les pommes et les raisins sauvages étaient d’autres produits de la cueillette.
Les Iroquoises récoltaient aussi plusieurs sortes de noix, des noisettes, des châtaignes et des glands. La cueillette des noix se déroulait surtout à la fin de septembre et en octobre. L’abondance des noix permettait d’en conserver pour les mois suivants.

La cueillette de l'eau d'érable

Au printemps, les femmes et les enfants recueillaient l’eau d’érable dans des paniers faits d’écorce de bouleau.
Ils faisaient bouillir l’eau sucrée dans des récipients en écorce ou, parfois, dans de grands contenants creusés à même un tronc d'arbre en y jetant des pierres brûlantes rougies par le feu.
Ils devaient constamment remplacer ces pierres afin de garder une température assez élevée pour maintenir le point d’ébullition qui permettait l’épaississement du sirop.

La cueillette des plantes médicinales

Même si les femmes autochtones cueillaient des plantes médicinales tout au long de l’été, l’automne demeurait tout de même le temps idéal pour récolter de nombreuses variétés de plantes qui atteignaient plus tardivement leur plein mûrissement.
Pour conserver ces plantes, les femmes devaient les faire sécher afin de pouvoir les utiliser plus tard au cours de l’hiver.

Commerce

Les Iroquois faisaient du commerce et échangeaient leurs surplus agricoles contre les produits de la chasse des nations algonquennes. Le pays des Hurons-Wendats était présenté à juste titre comme le grenier alimentaire de la plupart des Algonquins. Les Hurons-Wendats étaient considérés comme les plus grands commerçants de l’Amérique du Nord-Est. Ils maintenaient des liens diplomatiques et économiques avec plus d’une cinquantaine de nations, dont les Andastes situés à environ 800 kilomètres au sud de la Huronie. Leur pays était situé sur la route qui reliait les Grands Lacs à la vallée du Saint-Laurent, en passant par la rivière des Outaouais. Il était devenu le carrefour du commerce amérindien.

Réseau de commerce vers 1500. 

Le commerce préhistorique

Bien avant l’arrivée des Européens, des liens commerciaux existaient entre les premiers habitants. Dans l’est du Canada, l’activité commerciale remonterait au moins à 6 000 ans. Aux ressources du territoire qu’elles occupaient, les nations autochtones ajoutaient les denrées, les matériaux et les objets acquis par le commerce. Les surplus de biens étaient échangés contre des objets rares ou étrangers dans sa propre région. Plus l'objet venait de loin et plus il était rare, plus il prenait de la valeur.
Les biens offerts variaient selon la spécialisation des groupes. Les Iroquois échangeaient leurs surplus agricoles (maïs, courges, fèves, haricots, citrouilles, tournesols et tabac) contre la viande et les animaux à fourrures des peuples nomades. Ils obtenaient aussi de l'écorce de bouleau en échange de leurs filets de pêche. Les Algonquins des côtes du golfe et du fleuve Saint-Laurent offraient plutôt du poisson fumé et des filets de pêche. Les coquillages ramassés sur la côte atlantique ainsi que les plumes d’aigle et les peaux d’écureuil noir connaissaient une grande popularité. Le silex était très apprécié pour la fabrication des pointes de flèches et de certains outils. Les amulettes des Algonquins, qui avaient la réputation d’être dotées de grands pouvoirs spirituels, étaient également très recherchées.
Le troc et les foires annuelles

Les échanges se faisaient de proche à proche grâce au troc ou à l’occasion de foires annuelles. Plusieurs nations autochtones se donnaient rendez-vous pour échanger leurs produits. L’été était la saison idéale pour ce genre de rencontre puisque certains groupes, qui venaient de très loin, devaient parcourir de longues distances pour s'y rendre. Un de ces lieux d'échange était situé à Nekouba, sur le lac Nikabau au nord-est du lac Saint-Jean. Les premiers jours de la foire étaient consacrés aux festivités. Chacun prenait plaisir à raconter en détail les péripéties de leur voyage.
Grâce au troc, les marchandises circulaient de mains en mains selon les besoins de chacun. Les objets de commerce pouvaient franchir de grandes distances après de multiples échanges. Des produits en cuivre du lac Supérieur se retrouvaient sur la côte atlantique. De l’obsidienne, utile dans la fabrication des outils, parvenait jusqu’à des sites très éloignés de son lieu d’origine (surtout le nord-ouest du Wyoming aux États-Unis). Des dents de requin ou des coquillages se rendaient jusqu’à l’intérieur du continent. La présence de quartzite du Labrador et de jaspe de Pennsylvanie sur des sites du Québec témoigne aussi de l'étendue de ce réseau d'échanges et de communications.

La réciprocité dans les échanges

Le commerce était basé sur la réciprocité, c'est-à-dire sur un échange équivalent entre les deux partenaires comme lors d'un échange de cadeaux. Cette activité représentait plus qu'un simple aspect économique. Le but était d'entretenir de bonnes relations et de consolider les alliances entre les nations. Les liens commerciaux impliquaient aussi le soutien mutuel contre les ennemis en cas de besoin. Par exemple, les Algonquins et les Innus (Montagnais) qui commerçaient avec les Hurons-Wendats étaient aussi leurs alliés militaires.
La gestion du territoire

Les groupes autochtones s’assuraient de leur droit sur les ressources et la circulation des échanges. Chaque groupe se déplaçait à l'intérieur d'un territoire qui lui était propre. Le premier à exploiter une voie commerciale obtenait des droits sur elle. On pouvait toutefois, en échange de présents, obtenir la permission d’utiliser ce parcours ou de traverser le territoire d’un autre groupe dans le but de commercer.
La diplomatie et les ententes entre nations

Les Amérindiens avaient développé une tradition diplomatique efficace. Les ambassades et la coutume de réparation permettaient d’éviter les conflits ou d’y mettre un terme. Grâce à la coutume de réparation, au lieu de se venger ou de punir le coupable, on pouvait réparer les torts faits à la victime ou à sa famille en lui offrant des présents. La valeur des cadeaux variait selon l’importance de l’individu ou son sexe. Chez les Hurons-Wendats, on devait donner davantage de présents pour une femme que pour un homme.
Le déroulement des ambassades se faisait selon les règles et les rituels diplomatiques autochtones. Ces rencontres servaient à négocier des trêves, sceller des ententes ou consolider l’amitié entre les groupes. Les pourparlers débutaient par l’expression des condoléances. Cette cérémonie imagée permettait la réconciliation. On pleurait réciproquement ses morts, on couvrait les dépouilles de présents et on essuyait les larmes de ses ennemis. Ensuite, on débouchait les oreilles pour bien entendre et on dégageait la gorge pour pouvoir s’exprimer avec facilité et parler de paix avec sincérité. Les nuages étant dissipés de l’air, les délégués pouvaient voir clair dans leurs cœurs. Les discours des orateurs étaient appuyés par des colliers de porcelaine ou wampums.
Les accords entre nations étaient confirmés par un échange de présents, généralement le wampum. Le troc de cadeaux était une obligation diplomatique et sociale quand les gens se rendaient visite. Les présents étaient essentiels puisqu'ils détenaient le pouvoir d’apaiser la colère, de sécher les larmes, de conclure des traités de paix ou de mener des nations à la guerre, et de délivrer des prisonniers. On les utilisait périodiquement lors de cérémonies pour remémorer et renouveler des ententes. Le don, puis l'acceptation des présents représentaient un engagement mutuel.
Tout comme les expéditions commerciales, ces réunions étaient agrémentées de fêtes et de festins qui duraient plusieurs jours. On troquait des biens, on dansait, on participait à des rituels et on écoutait des discours très imagés, ponctués de métaphores.
 

Les perles de la diplomatie, les Wampums, coquillage, peau, Musée de la civilisation, dépôt du Séminaire de Québec.  Les coquillages, appelés wampum ou porcelaine, remplissaient des rôles diplomatique, commercial et cérémoniel. Les wampums témoignaient des événements importants comme la conclusion d'ententes commerciale, politique ou militaire. Conservés précieusement, ils représentaient les archives de la nation que les aînés interprétaient. Ils servaient également de parures, de dédommagements en cas de meurtre et dans les rituels de condoléances. En l’absence de wampum, surtout chez les nations des Grands Lacs, moins pourvues en coquillages que les nations côtières et les Iroquois, des peaux de castor ou d’autres animaux, du tabac, des haches et des vêtements servaient d’objets d’échange.

Techniques

La culture matérielle des Autochtones était très bien adaptée à la vie sur le continent américain. Il suffit de penser aux habitations, aux moyens de transport, aux outils et aux armes. Les Autochtones avaient développé la connaissance des matériaux de base et des endroits où les trouver. Ils savaient comment les travailler et connaissaient leurs réactions dans diverses conditions ainsi que leurs usages potentiels.

Outils et objets utilitaires

Les techniques anciennes, qui sont habituellement qualifiées de simples, étaient tout de même efficaces. Par exemple, les tranchants des outils ou des armes pour la chasse pouvaient être plus acérés que les lames de métal. Les lances de bois étaient munies de pointes acérées obtenues en faisant patiemment éclater les tranches d'un morceau de silex. Évidemment, la plupart de ces techniques exigeaient beaucoup de temps et de travail. Les Autochtones avaient aussi découvert diverses façons de faire du feu pour se chauffer et cuisiner.

Les matériaux usuels étaient la pierre, l'os, le bois, l'écorce, les racines des arbres et les fibres. Différentes parties des animaux chassés servaient de matières premières pour fabriquer des objets très utiles (aiguilles, couteaux, lanières, vêtements et couvertures). Les Autochtones conservaient les dents des castors pour fabriquer des couteaux croches et des grattoirs pour les peaux. À partir de la peau ou des viscères d'un mammifère ou d'un oiseau, on fabriquait des sacs.
En dehors de l'alimentation et de l'habillement, les plantes cultivées, les mammifères et les poissons détenaient d’autres utilités. Par exemple, les Iroquoises extrayaient des poissons, surtout des esturgeons, une très bonne colle qui était utilisée à diverses fins. Grâce à cette colle, les hommes fixaient à un bout de leur flèche une pointe acérée de pierre ou d’os. Les Iroquois utilisaient aussi quotidiennement le bois et l'écorce pour de nombreux usages.

L'utilisation du bois et de l'écorce

Plusieurs objets utilisés quotidiennement par les Iroquois étaient en bois ou en écorce: les maisons longues, les palissades, les échafauds de rangement ou de sécherie, les canots, les arcs et les flèches, les plats et les louches, les paniers et même les jouets. Le traîneau, ou toboggan, utilisé l’hiver pour transporter les charges sur la glace était formé de longues planches de bois de cèdre. Les écorces utilisées pour le revêtement de la maison longue ou la confection d’autres objets étaient préparées à l’avance. Elles étaient enlevées des arbres lorsqu’ils étaient en sève. Ensuite, on les empilait les unes sur les autres afin qu’elles ne se déforment pas, puis on les laissait sécher.
Les Iroquois reconnaissaient de multiples usages pour chaque espèce d’arbre. Les racines de conifères et l’écorce de certains feuillus, comme l'intérieur de l'écorce du tilleul, étaient utilisées pour fixer le revêtement des maisons longues et des canots. Les voyageurs, qui se trouvaient sans eau, pouvaient s’abreuver de la sève de certains arbres. Celle du hêtre donnait un breuvage doux et agréable. Lors de fêtes ou de cérémonies de guérison, l’écorce séchée se transformait en instrument de musique. On y battait la mesure avec des bâtons.
Le cèdre
Le cèdre blanc, ou thuya, était particulièrement apprécié pour une de ses qualités: sa résistance à la pourriture. Les pieux de cèdre, enfoncés dans le sol pour former la palissade ou construire la structure des maisons longues, duraient plus longtemps que les troncs de pins par exemple. Les récipients d’écorce, dans lesquels on entreposait le maïs séché et égrené, étaient souvent faits de cèdre. L’armature des canots et les boucliers, qui couvraient presque tout le corps des Hurons-Wendats lorsqu’ils partaient en guerre, étaient aussi en cèdre.

L'utilisation du maïs et du jonc

Avec les feuilles de l'enveloppe de maïs tressées, les Iroquoises confectionnaient des paniers, des sacs, des masques, des poupées et des souliers sans talon qui étaient peints de diverses couleurs. Les hommes en fabriquaient leurs carquois. À partir des tiges évidées, ils obtenaient des flotteurs pour la pêche. Les feuilles de maïs tenaient aussi lieu de bandage et de couche pour la fillette installée dans un porte-bébé. Placée entre les cuisses de la petite fille, une feuille de maïs conduisait son urine jusqu'à une petite ouverture par où elle s'écoulait à l'extérieur du porte-bébé sans la mouiller.
Durant l’hiver, les femmes tressaient des nattes de feuilles de maïs et de jonc. Elles entrelaçaient le jonc ramassé le long des rivières et des lacs pour en faire de belles nattes teintes de diverses couleurs et ornées de plusieurs motifs. Ces petites nattes de jonc servaient pour s’asseoir dans la maison longue et pour dormir en voyage. Elles étaient aussi suspendues aux portes de l’habitation.

La confection du fil

L'écorce du tilleul, l’ortie et le chanvre était employée par les Hurons-Wendats et les Iroquois pour la fabrication du fil et des cordages. Ils en faisaient également des sacs pour mettre les provisions en voyage, des colliers pour transporter les fardeaux, des armatures et des filets de pêche. Pour les Iroquoises, le chanvre était une plante textile importante. L’hiver, elles battaient les tiges ramassées à l’été ou à l’automne. Puis, elles filaient le chanvre en le roulant sur leurs cuisses. La mousse du chanvre donnait un très bon fil.

Jeux et sports

 

Une fois leurs tâches accomplies, les Iroquois disposaient de beaucoup de temps pour les loisirs et les rencontres. Les habitants des villages voisins étaient souvent invités à participer aux compétitions sportives (crosse, course, tir à la corde ou à l’arc) et aux jeux de chance (jeux de dés ou de pailles). Ces activités se tenaient habituellement à la suite du rêve d'un malade ou à la demande d'un chaman. Les Iroquois considéraient que jouer pouvait éloigner un malheur, une sécheresse ou une épidémie et favoriser la guérison des malades.

Des parties de crosse étaient organisées entre des équipes de villages différents ou d’un même village. La crosse, formée d'un bâton allongé, mesurant près d’un mètre, était pourvue d’un filet lacé. La balle, de la grosseur d'un oeuf de dinde, était faite de bois ou de peau bourrée de poils d’orignal. Le but de ce jeu, très offensif, consistait à introduire la balle dans le but de l’adversaire. L’hiver, ils jouaient au serpent des neiges. Il s'agissait de faire glisser une lance sur une surface glacée pour qu’elle se rende le plus loin possible. Le joueur, dont les lances parcouraient la plus grande distance, gagnait la partie.

Pour le jeu de plat ou de bol, six noyaux de prunes ou de petites boules d'argile aplaties servaient de dés. Ces dés, peints en noir d'un côté, en blanc ou en jaune de l'autre, étaient placés dans un grand bol de bois. Assis par terre, les joueurs prenaient à tour de rôle le bol à deux mains et le soulevaient un peu. Ils y agitaient les dés, puis frappaient le bol par terre pour en faire sauter les dés. Le gagnant était celui dont les noyaux étaient tous retombés du même côté.

Le jeu de pailles

Pour le jeu de pailles, on se servait de 300 à 400 petits joncs blancs de même longueur (30 cm environ). À chacun son tour, on tentait de ramasser ces pailles en les piquant avec une alêne ou un petit os pointu. On les comptait rapidement. La partie adverse essayait de prendre celles qui restaient.

Moyens de transport

À parcourir continuellement de grandes distances, les Autochtones avaient appris à s’orienter en forêt sans avoir recours à la boussole. Leur sens de l’orientation était en grande partie basé sur leur connaissance du territoire. Cette connaissance leur était léguée de génération en génération à travers les récits de chasse que les aînés racontaient. Elle était aussi basée sur une observation constante de l’environnement lors des déplacements. Les montagnes et les cours d’eau, qui jalonnaient leur territoire, devenaient ainsi des points de repères importants. Cependant d’autres éléments de la nature les aidaient à s’orienter. Le cours des rivières leur indiquait le sud et le nord; la mousse, qui pousse sur le tronc des arbres, leur montrait toujours où se situait le nord et la cime des gros arbres, comme celles des pins, penchait toujours vers l’est ou le sud. L’axe du soleil et leur connaissance des étoiles étaient également des moyens qui leur permettaient de trouver leur route en forêt.
Les Autochtones avaient inventé différents moyens pour se déplacer et transporter leur matériel selon les saisons tels le canot d'écorce, le toboggan, les raquettes, le collier de charge et le porte-bébé.

 

Le canot d'écorce

Les Hurons-Wendats construisaient leurs canots en écorce de bouleau. Les Iroquois, qui vivaient dans une région où le bouleau ne poussait pas, devaient se contenter d’écorce d’orme rouge ou d’hickory. Ils enlevaient délicatement l'écorce d'un gros orme, en un seul morceau. Ils la fixaient sur la charpente en bois pour la colmater ensuite aux deux extrémités. L'écorce du hickory, aussi appelé noyer blanc, pouvait remplacer celle du tilleul pour fixer les écorces recouvrant l'armature des canots. Ces jeunes pousses très solides et flexibles étaient employées à la place de celle du bouleau. Deux journées de travail suffisaient à deux hommes pour construire ce type de canot. La forme des canots d’écorce d’orme était presque identique à celle des canots d’écorce de bouleau. Cependant les canots iroquois étaient plus robustes, plus larges et plus longs. On pouvait y transporter le double ou le triple de la charge et jusqu'à vingt personnes à la fois. Par contre, la vitesse que l’on pouvait atteindre était beaucoup moins élevée. On naviguait dans ces canots sur les Grands Lacs, la rivière des Outaouais et le fleuve Saint-Laurent.

Malgré ces avantages, l’écorce d’orme rendait les canots beaucoup plus lourds et moins maniables. De plus, ces canots prenaient souvent l’eau malgré la gomme de frêne utilisée pour assurer leur étanchéité et l'écorce d'orme broyée pour calfater ses deux extrémités. Dans ces conditions, les Iroquois préféraient se déplacer sur la terre ferme. Ils avaient la réputation d’être de très bons marcheurs et d’excellents coureurs. Ils pouvaient parcourir de très longues distances en un temps record. Ils se procuraient aussi des canots d’écorce de bouleau des nations qui en construisaient.

La fabrication des raquettes

Les hommes fabriquaient les raquettes en prévision des déplacements et des grandes chasses d’hiver. Les raquettes étaient un excellent moyen de poursuivre le gros gibier dans la neige profonde sans se fatiguer. Il existait plusieurs formes de raquettes adaptées à différentes conditions ou milieux. La raquette ronde et large servait dans les terrains escarpés et dans la neige épaisse. Celle qui était longue, étroite et à bout relevé, était adaptée aux terrains plats et aux lacs gelés. Finalement, celle qui avait la forme d’une goutte d’eau servait dans les sous-bois dégagés.

Arts

L’art des Autochtones s’inspirait grandement de leur spiritualité et des nombreuses ressources de leur environnement. Cet art se manifestait par la fabrication d’objets répondant à la fois à des besoins d’utilité quotidienne, mais aussi à des pratiques rituelles sacrées.

Pour fabriquer les raquettes, les hommes abattaient un bouleau ou un frêne bien droit. Ils le taillaient en baguettes pour en faire le fût (cadre) de la raquette. Les baguettes de bouleau ou de frêne étaient trempées dans l’eau chaude pour les ramollir et leur donner plus facilement la forme désirée. Le nattage de la raquette s’effectuait avec de la peau d’orignal ou de caribou taillée en fines lanières. Ces lanières de peau, nommées babiches, étaient trempées, tordues, étirées, séchées puis roulées en peloton que l’on conservait précieusement. Au moment du tressage de la raquette, il suffisait de refaire tremper celles-ci pour qu’elles retrouvent une bonne souplesse. La plupart du temps, ce sont les femmes qui voyaient à cette dernière opération.
Pratiquement tous les objets étaient fabriqués à partir d’un élément vivant : peau, nerf, racine, écorce, arbre, poil, etc.
C’est ainsi qu’un objet comme un tambour, un panier, un canot, une mitaine pouvait devenir, pour l’artiste, une oeuvre d’art dont il était fier et dont sa technique de fabrication demandait un grand savoir-faire qui lui était transmis de génération en génération.

La poterie

Les Huronnes et les Iroquoises maîtrisaient l’art de la poterie. Elles produisaient une grande variété de vases et de pots en terre cuite. Elles savaient où trouver l'argile de qualité et elles connaissaient les matières qu'il fallait lui ajouter pour l'empêcher de se fêler en séchant.

L'argile recueilli était d’abord dégraissée, c'est-à-dire nettoyé, puis longuement pétri en y mêlant un peu de grès. Les femmes en faisaient une boule dans laquelle elles formaient un creux avec leur poing, puis elles l’agrandissaient. La technique du colombin était également pratiquée pour confectionner des récipients. Ce procédé consistait à préparer de longs boudins d'argile. Les parois du pot étaient élevées en ajoutant successivement ces colombins. La surface du récipient était ensuite égalisée et les parois amincies. Les pots de forme arrondie, et sans anse, étaient décorés de lignes ou de motifs géométriques dessinés dans la terre humide. Après les avoir fait sécher au soleil, ils étaient cuits sur le feu avec des écorces.
Une fois refroidis, les contenants de dimensions variées étaient employés pour la préparation, la cuisson et l'entreposage des aliments. Ces récipients étaient fragiles, mais ils pouvaient être suspendus au-dessus du feu. Ces techniques de fabrication étaient issues d’une longue tradition. Elles étaient transmises de mère en fille. Toutefois, la fabrication des pipes en céramique était accessible aux hommes comme aux femmes.

La confection des masques

 

 

Les carapaces de tortues

Une fois vidée, séchée et remplie de cailloux, la carapace de tortue devenait un instrument de musique. Ce hochet était utilisé lors des danses, des chants et pendant les rituels de guérison. La tortue détenait une place très importante dans le mythe de la création du monde chez les Iroquois.

Les motifs décoratrifs

Les femmes décoraient les vêtements et les accessoires de perles d'os, de coquillages et de piquants de porc-épic. Les piquants, creux à l’intérieur, ressemblent à une aiguille d’environ dix centimètres. Ils se travaillaient difficilement. Cet art demandait une grande habileté de la part des artisanes. Une fois bouillis, pour les rendre plus souples, et teints à l’aide de racines ou d’autres substances naturelles, les piquants de porc-épic servaient à broder de jolis motifs sur le cuir ou l’écorce.

Les teintures naturelles

C’est dans la forêt que les femmes autochtones récoltaient tout ce qui leur était nécessaire pour obtenir les teintures. Leur savoir-faire dans ce domaine était indéniable. Ces femmes avaient développé au fil du temps mille et un secrets au sujet des teintures naturelles qui offraient, d’une manière assez étonnante, une grande diversité de couleurs. Avec les couleurs obtenues, elles teignaient les peaux, les poils d’orignal, les piquants de porc-épic et l’écorce. Toutes ces teintures étaient extraites à partir de fleurs, de bourgeons, de feuilles, de racines, de graines de plante, d’écorces ou de petites feuilles. Ce travail était un art en soi, car la réaction chimique de chaque végétal pouvait varier et obliger les femmes à y ajouter d’autres substances, comme de la terre noire ou de la glaise, et à utiliser divers procédés comme le trempage ou la fumaison. 

 

 

Le Wampum

Les perles de la diplomatie les Wampums, coquillage, peau. L’agencement des cylindres du wampum formait des symboles visuels servant à illustrer et à officialiser des ententes entre nations. La couleur blanche des perles signifiait la paix et la vie, le pourpre représentait le deuil et le rouge était un signe de guerre.

À l’origine, le collier ou la ceinture de wampum était fabriqué à partir de coquillages provenant des côtes de la Nouvelle-Angleterre, des provinces maritimes et de la Gaspésie. La confection d’un wampum demandait énormément de dextérité étant donné la fragilité des coquillages. Ils étaient découpés en petits morceaux, polis afin de leur donner la forme d’un cylindre, puis troués. Les cylindres étaient ensuite enfilés sur des nerfs d’animaux ou de fines lanières de cuir de chevreuil.

Individu et société

Malgré les différences dans les modes d’organisation sociale et politique, surtout entre les sédentaires et les nomades, les nations qui occupaient le Nord-Est de l’Amérique partageaient une civilisation commune. L’importance des femmes, des hommes et des enfants au sein des sociétés autochtones était comparable. En principe tous étaient égaux. Chacun était autonome et bénéficiait d’une certaine liberté. La division sexuelle des tâches favorisait le maintien de l’ordre dans la vie quotidienne. Cette répartition des responsabilités assurait la satisfaction des besoins de la communauté. Une fois les tâches accomplies, on pouvait se divertir, se rencontrer et discuter.
Le respect de l’autre, l'hospitalité, le partage et l'entraide caractérisait l'organisation sociale des sociétés autochtones du Nord-Est. L'hospitalité et l'entraide assuraient un abri et de la nourriture pour tous. Cela était considéré normal de partager avec celui qui disposait d’encore moins que soi. Les lois de l’hospitalité étaient rigoureusement observées, parfois même jusqu’à l’appauvrissement. Plusieurs observateurs d’origine européenne remarqueront la générosité des peuples autochtones. Le sens de l’humour est aussi une qualité très appréciée au sein des sociétés autochtones.

 

Clans familiaux

Le clan constituait l’unité de base de la société iroquoienne. Il détenait une grande importance lors des prises de décision. Il fixait aussi les règles du mariage. Les membres d'un même clan ne pouvaient se marier entre eux puisqu'ils se considéraient comme des cousins. L'époux s’installait dans la maison de sa femme au moment du mariage. On parle alors de sociétés matrilocales. Chaque nation iroquoienne était donc divisée en un certain nombre de clans. Chaque clan possédait son propre symbole. Il portait le nom d'un animal qui, pensait-on, l'avait fondé. Cela pouvait être le lynx, la tortue, l'ours, l'aigle, le chevreuil ou le loup.  

Rôle des femmes

Femmes grattant les peaux

Les femmes, qui devaient s'occuper des champs, étaient plus sédentaires que les hommes. Tout comme l'agriculture, la cueillette des fruits, des racines et des plantes médicinales leur était réservée. Les autres tâches féminines consistaient à préparer les repas, ramasser le bois de chauffage et pêcher. Elles préparaient les peaux d’animaux et confectionnaient les vêtements, fabriquaient divers objets faits d'écorce, de feuilles de maïs, de jonc ou de terre cuite. Les femmes cousaient l'écorce du canot et tissaient l’intérieur des raquettes.es femmes étaient à la base de l'organisation sociale iroquoienne. Elles donnaient l’identité clanique aux enfants. Chaque individu au moment de la naissance devenait membre du clan de sa mère. Dans la mythologie iroquoienne, une femme nommée Aataentsic est à l'origine de l'humanité. Elle est considérée comme la mère des êtres humains.
Les relations de parenté étaient à la base de l'organisation sociale et politique des sociétés iroquoiennes. Leur système de parenté reposait sur l'ascendance maternelle. C'est pour cette raison que ces sociétés sont qualifiées de matriarcales ou matrilocales. En fait, le lignage était défini par les femmes. Une habitation communautaire, la maison longue, réunissait les membres d'une même lignée, c'est-à-dire les individus apparentés entre eux du côté des femmes, ceux qui descendaient d'une même mère ou d'une même grand-mère.

Rôle des hommes

Réunion du conseil  les hommes iroquois se réunissaient en conseil pour prendre des décisions politiques ou résoudre des problèmes communautaires.
Les hommes iroquois voyageaient régulièrement afin de participer aux expéditions commerciales et diplomatiques. Ils parcouraient de grandes distances à pied, en canot ou en raquettes selon les saisons. Ils s’occupaient aussi de pêche, un peu de chasse et de guerre. Ils défrichaient les champs, voyaient à la construction des habitations et des palissades, coupaient le bois de chauffage et l’écorce.
Ils confectionnaient aussi les canots, les toboggans et fabriquaient les outils en pierre (pointes de flèches, grattoirs, haches). Une fois polis, affilés et aiguisés, ces outils servaient au travail du bois et des peaux. Ils faisaient aussi des armes (arcs et flèches), des plats et des cuillères de bois, des pipes de pierre rouge (calumets) et des armures.
Ils tissaient les filets de pêche à partir du chanvre filé par les femmes et confectionnaient les cadres des raquettes.

Éducation des enfants

 Les parents autochtones démontraient un profond respect pour leurs enfants qu’ils élevaient sans contrainte. Ils usaient de patience et de douceur et ne recouraient jamais aux châtiments corporels.
D’autres moyens d’éducation et d’apprentissage étaient privilégiés au lieu de réprimander l’enfant qui ne se conformait pas aux usages. On comptait sur les coutumes et l’influence de la communauté pour orienter leur comportement.
Les enfants apprenaient par l'exemple en participant aux différentes tâches selon leur sexe et leur âge et en imitant les adultes dans leurs jeux.

Rôle des aînés

Un homme ou une femme qu’on reconnaissait comme un individu sage, expérimenté ou aux qualités exceptionnelles, pouvait acquérir une grande influence comme ancien. Les Autochtones consultaient régulièrement les aînés pour connaître leur avis. Ils étaient aussi les gardiens de la tradition et des connaissances acquises qu'ils transmettaient aux générations suivantes.

Vie politique

Avant l’arrivée des Européens, probablement vers le milieu du 15e siècle, les Hurons-Wendats et les Iroquois s’étaient organisés en fédérations. Ces regroupements réunissaient des nations ayant des intérêts et des ennemis communs. Les pouvoirs du conseil de la fédération se limitaient aux affaires extérieures, aux questions relatives à la guerre, à la paix et au commerce. Pour toutes les décisions, on cherchait à rallier l’opinion en s’en tenant souvent au consensus, c’est-à-dire à l’accord et au consentement du plus grand nombre des participants. Dans certains cas, le pouvoir de persuasion et la force de l’éloquence des individus menaient un groupe à prendre une décision à l’unanimité. Une nation dissidente pouvait toujours décider de poursuivre sa propre politique. Chaque nation membre de la fédération occupait ses propres villages et conservait une grande autonomie.
Les réunions du conseil de la fédération iroquoise se tenaient au «feu qui ne meurt jamais», à Onontagué, la capitale de la Ligue. Le conseil central était tenu dans une maison longue conçue pour ces assemblées. Des chefs issus des cinq nations iroquoises s’y rassemblaient. Les Iroquois avaient justement choisi une maison longue à cinq feux comme symbole de leur organisation politique. La capitale de la fédération huronne-wendate, Ossossané, était située quant à elle sur les rives de la baie Georgienne.

Les conflits entre nations

Les guerres et les hostilités entre nations existaient déjà en Amérique avant l’arrivée des Européens, mais elles survenaient pour des raisons assez différentes de celles qui motivaient les nouveaux venus. Contrairement aux Européens, les Amérindiens ne se battaient pas pour l’acquisition des terres elles-mêmes ni pour des motifs religieux ou dynastiques. Ils ne cherchaient pas à conquérir les villages ennemis ni à détruire complètement leurs adversaires. La protection des routes commerciales, des territoires de chasse ou des camps de pêche menait à la guerre. La pression exercée sur les ressources par des populations denses pouvait aussi causer des frictions.
La guerre, qu'on nomme guerre de deuil ou de capture, visait surtout à remplacer les morts, souvent un enfant ou un autre membre de la famille décédé à cause de la maladie, d'un accident ou de la guerre. Chez les Iroquois, une femme en deuil pouvait être à l'origine d'une expédition guerrière en demandant à un groupe de guerriers de remplacer l'enfant qu'elle avait perdu.
La guerre se faisait par surprise, un peu comme la chasse. De petites bandes pratiquaient la guérilla, une guerre d’embuscades caractérisée par la rapidité des déplacements. Les incursions avaient surtout lieu entre la fin du printemps et le début de l'automne.
 

Casse-tête, noyer, probablement début du XIXe siècle,
Les principales armes employées par les guerriers étaient l'arc et les flèches pour le combat à distance ainsi que le casse-tête. Cette dernière arme, aussi nommé tomahawk, était faite de bois ou d'une pierre aiguisée solidement attachée à un manche en bois. Certains Iroquoiens se couvraient d'armures, faites de pièces de vannerie ou de bois, attachées avec des cordes et recouvertes de cuir.

Personnes importantes. Les femmes iroquoises

Les femmes détenaient une très grande influence au sein des sociétés iroquoiennes. Elles réglaient les affaires courantes en prenant part aux grandes décisions comme celle de faire la guerre ou de déplacer le village. Ce sont les femmes qui possédaient les champs et les maisons et qui négociaient les mariages. En plus d'être les gardiennes de la tradition, les femmes avaient un rôle politique important. Celles qu'on nomme les mères de clan (les femmes les plus âgées et les plus expérimentées) choisissaient les hommes qui formaient le gouvernement. Les femmes choisissaient le chef pour leur clan et quand ce dernier ne remplissait pas bien ses fonctions, elles pouvaient essayer de le destituer. Les femmes ne siégeaient pas aux conseils, mais elles pouvaient y présenter des discours.
Le rôle des chefs

L’organisation du pouvoir parmi les peuples du Nord-Est variait d’une société à l’autre. Mais chaque groupe, bande ou clan, se donnait un chef. Ce dernier, qu’il soit chef civil ou militaire, devait s’en remettre aux décisions prises par le conseil après de longues palabres. Les discussions visaient à rallier le plus grand nombre de personnes. Il fallait donc prévoir un certain délai pour que l’opinion générale s’accorde.
Les qualités requises pour devenir chef étaient: la force, l’habileté, le courage, la sagesse ainsi que la générosité. À ces caractéristiques essentielles s’ajoutaient d’autres qualités personnelles comme le fait d’être un bon orateur ou un grand chaman. Le chef ne portait pas de signes extérieurs de supériorité. Il ne se distinguait des autres que par sa valeur et le respect qu’on lui portait. Son influence reposait sur ses qualités personnelles et son pouvoir de persuasion qui était lié à son habileté oratoire, son éloquence, c'est-à-dire son talent de bien parler, d’émouvoir et de convaincre par son discours. Son autorité restait limitée et ne lui donnait aucun pouvoir de contrainte ni aucun droit de faire usage de la force.

Le chef civil et le chef militaire

Les Hurons-Wendats et les Iroquois reconnaissaient deux sortes de chefs: le chef civil et le chef militaire. Le chef civil avait la responsabilité des affaires internes du clan dont l'organisation des fêtes et des jeux. Ils s'occupaient aussi des relations avec les autres clans. Le chef civil était élu selon son lignage clanique. La filiation était souvent héréditaire par les femmes, mais le mérite de l'individu importait aussi. Tous les chefs de clan faisaient partie du conseil du village qui se réunissait fréquemment pour traiter des affaires de la communauté. Les chefs de tous les villages se rassemblaient pour former le conseil de la nation. Les conseils des nations formaient un regroupement encore plus large, la fédération.
L’autre chef avait la charge des activités entourant la guerre. Il était choisi en tenant compte de ses qualités personnelles, même si le lignage pouvait être pris en compte. Les chefs militaires se regroupaient de la même façon que les chefs civils, en conseils de village, de nation, puis au sein de la fédération.
Dekanahouideh

Selon une tradition iroquoise, la Ligue iroquoise (Ho-de’no-sau-nee) est créée vers la seconde moitié du 15e siècle. Sa naissance est associée à une éclipse de soleil qui serait survenue en Iroquoisie en 1451. La croissance de la population, le commerce et la guerre aurait suscité la création de cette fédération sous la conduite du héros légendaire, Dekanahouideh, le «Messager céleste». Après avoir perdu sa famille dans un conflit intertribal, Hiaouatha se serait rallié à ce projet de paix entre toutes les nations iroquoises. Le symbole de Ligue Ho-de’no-sau-nee est l’arbre de la paix, le pin blanc. 

Le chaman

Le chaman était un individu respecté au sein des sociétés autochtones puisqu’il était en mesure de guérir, de rompre les sorts, mais aussi d’ensorceler. Il ne possédait toutefois pas l’exclusivité de l’univers surnaturel. Chacun restait autonome dans ses rapports avec les esprits et chacun pouvait communiquer avec eux. Différents moyens d'entrer en contact avec le surnaturel, comme le jeûne, la vision, la danse et le rêve, étaient accessibles au chaman, mais aussi aux autres individus.

Cet homme médecin, parfois une femme, était reconnu comme le spécialiste de l’univers surnaturel. Il servait d'intermédiaire entre les esprits et les humains. On le nommait arendiouane, «celui dont la puissance spirituelle est grande» ou oki, «esprit puissant» chez les Hurons-Wendats. Le chaman pouvait prévenir la maladie, diagnostiquer le mal et suggérer le remède approprié puisqu'il connaissait très bien les plantes médicinales. Il était aussi très habile pour interpréter les rêves.
Cette fonction n’était pas nécessairement héréditaire. Elle exigeait des qualités personnelles exceptionnelles et un long apprentissage. Le chaman possédait des talents particuliers dont l’aptitude à entrer en contact avec les esprits et à faire des prédictions. Il détenait ses pouvoirs de la force d'un oki (esprit) particulier et de sa pratique du jeûne.
Certains chamans se spécialisaient dans la recherche des objets perdus, des personnes disparues et dans la prédiction des lieux où se trouverait du gibier. Pour y arriver, ils exécutaient la cérémonie de la tente tremblante. Le chaman entrait dans une petite cabane où il chantait et envoyait des esprits à la recherche de ce qu'il voulait trouver. Les chamans iroquois, hommes ou femmes, se regroupaient souvent au sein de sociétés de médecine.

Habitation

Le type d’habitation des Iroquois répondait aux besoins et à la vie sociale que privilégiaient ces sociétés. Pour des peuples agriculteurs, la maison longue iroquoise était suffisamment grande pour réserver des espaces d’entreposage lors de la récolte des légumes à l’automne.
Les sociétés iroquoises construisaient des demeures qui pouvaient loger de 10 à 15 familles faisant toutes partie d'un même lignage familial. L’intérieur de la maison longue offrait des espaces pratiques et permettaient cette vie en groupe. En quelque sorte, on peut dire que les Iroquoiens sont les premiers à avoir inventé les habitations à appartements.

Choix de l’emplacement du village

Les Iroquois, qui étaient sédentaires, s'établissaient au même endroit pendant plusieurs années. Un village pouvait regrouper de 10 à 15 maisons longues, parfois davantage. Certains villages rassemblaient de 1 500 à 2 000 personnes, mais d’autres en comptaient moins. À la même époque en Europe, les villages comptaient rarement plus de 500 habitants.
Le déménagement du village vers un nouvel emplacement survenait tous les 12 à 30 ans. Les Hurons-Wendats profitaient souvent de cette occasion pour célébrer la grande fête des âmes. Les principales raisons qui obligeaient les Iroquois à déplacer leur village et à défricher de nouvelles terres étaient l'épuisement du sol, l'éloignement de l'approvisionnement en bois, la détérioration des maisons et la diminution du gibier. Cette forme cyclique de l'occupation du territoire permettait le repos de la terre et le maintien de la forêt à diverses étapes de sa croissance. Ceci favorisait la vie végétale et animale, dont la multiplication du chevreuil.

Plusieurs facteurs influençaient le choix de l'emplacement du village. Des terres fertiles, un ruisseau ou un étang comme source d’eau potable et une forêt située à proximité pour l'approvisionnement en bois de chauffage et de construction étaient recherchés. Les Iroquois appréciaient aussi les sites possédant des défenses naturelles. Les sommets de collines escarpées offraient davantage de protection et plus de faciliter pour observer les environs immédiats du village.
Les villages les plus importants et les plus exposés aux groupes ennemis étaient entourés de palissades de 5 à 11 mètres de haut. Ces fortifications se composaient habituellement de trois rangées de pieux. Quand les palissades étaient assez hautes, des galeries étaient installées à l’intérieur. À partir de celles-ci, les défenseurs pouvaient lancer des flèches ou des pierres sur les assaillants. La palissade offrait aussi aux habitants du village une protection contre le vent, la neige et les animaux.

Construction de l’habitation

 

 L'intérieur de l’habitation iroquoise était très fonctionnel. Une rangée de feux, ou foyers, divisait la maison dans le sens de la longueur. Chaque feu servait à deux familles, installées de part et d'autre de l’allée centrale, pour cuisiner et se chauffer.
La fumée s'échappait par une ouverture faite au sommet de la maison et de là, entrait la lumière. Une ou deux écorces amovibles servaient à fermer ce trou quand il survenait de fortes pluies ou lorsque des vents forts repoussaient la fumée à l'intérieur. De chaque côté de la maison, le long des feux, se trouvaient les lits.
Les lits étaient placés à un pied du sol pour éviter l'humidité et la fumée des feux. On y étendait des écorces, des nattes de jonc ou des peaux de fourrure. Sous les lits, on entreposait le bois de chauffage et entre les lits, on plaçait de grands récipients d'écorce où l'on mettait le maïs égrené. Des nattes de jonc étaient également suspendues le long des murs de la maison.
Les espaces disponibles au-dessus des lits étaient utilisés pour le rangement ou servaient de lits pour les plus jeunes. Les maisons avaient une entrée à chaque extrémité. Des écorces suspendues, doublées avec des peaux pour se garantir du froid, servaient de portes. Au bout de certaines maisons, il pouvait y avoir un vestibule où l’on entreposait le bois de chauffage et la récolte de maïs.

La vie sociale dans les habitations

La maison longue logeait de cinq à dix familles représentant de deux à trois générations: la mère, son mari (qui venait toujours d’un autre clan), ses fils non mariés, ses filles et leur mari (d’un autre clan) et les enfants de ces dernières. Les Iroquoiens passaient la plus grande partie de l’hiver au village bien à l’abri dans leurs maisons longues. En dehors des festivités auxquelles ils participaient, les hommes et les femmes consacraient leur temps à la confection et à la décoration d’objets utilitaires.

Spiritualité

Chez les Autochtones, tous les gestes de la vie quotidienne baignaient dans la spiritualité. Selon eux, tout ce qui existe, même les objets fabriqués par les humains, possède un esprit immortel et doit être respecté. Ils considèrent la vie comme un grand cercle de relations entre tous les êtres. Chaque animal, chaque plante, chaque minéral, chaque individu fait partie de ce cercle. Tous ces êtres sont égaux et en continuelle interaction. Les Autochtones veillaient à ne pas perturber l'équilibre établi entre eux. Leurs rites religieux, comme leurs rituels de guérison, visaient à conserver l'harmonie entre les êtres. Ils servaient aussi à maintenir la communication entre les mondes visible et invisible, en constante relation, et à s'assurer la bienveillance des esprits.
Le quotidien était imprégné de l’univers surnaturel. De nombreuses fêtes étaient célébrées pendant l’année ainsi que des rituels autour de la pêche, de la chasse et de l’agriculture. Des événements comme la fabrication des canots d’écorce revêtaient un caractère sacré. Cette activité prenait la forme d’un rituel accompagnant toutes les étapes, de la cueillette de l’écorce à la décoration du canot. Des rites soulignaient les grandes étapes de la vie, de la naissance à la mort.

Perception et relation avec les mondes vivants

La Tortue, illustration de Louis Nicolas (1634-après 1678.Les Iroquois croyaient que la Tortue était à l’origine de la Terre.

Selon la mythologie iroquoise, la terre avait été soulevée de l’eau par une énorme tortue. Ainsi naquit le monde dans lequel les Iroquois vivaient. Ils croyaient que la Grande Tortue soutenait toujours la terre.

Les Wendats croyaient, tels les Iroquois, que la terre où vivent tous les hommes était une île sur laquelle était descendue d'un monde céleste une femme, nommée Aataentsic. Cette femme fut recueillie sur le dos de la Grande Tortue, à la demande des animaux (qui n'étaient alors qu'aquatiques). Le plus humble de ceux-ci, le crapaud, réussit à ramasser, en plongeant, du limon que la Petite Tortue étendit sur la carapace de la Grande Tortue, laquelle s'agrandit jusqu'à former le monde (l'Amérique) tel que le connurent les Amérindiens.

Le destin d’un homme ou d’une femme était guidé par des esprits, ou des puissances animales, qui pouvaient l’aider. Ceux-ci lui étaient révélés au cours d’une vision. La recherche de ces esprits commençait à la puberté par le biais de prières et de jeûnes. Par exemple, à l'adolescence, les garçons partaient en quête d'une vision afin de trouver leur esprit gardien, celui qui les guiderait et les aiderait à la chasse et dans leurs autres activités.

Les amulettes

Les amulettes étaient considérées comme des porte-bonheur. Certaines amulettes possédaient davantage de puissance. Celles des Algonquins, alliés aux Hurons-Wendats, avaient la réputation d’être dotées de grands pouvoirs spirituels. Cette précieuse marchandise était très recherchée. La plupart des amulettes étaient faites d'os, de pierre ou de coquillage. Elles se présentaient parfois sous l'aspect de petites figurines taillées dans l'os, de pierres aux formes bizarres, de griffes d'animaux ou d'autres objets mis dans un sac avec du tabac. Les amulettes favorisaient la chance et assuraient la protection.

La vie dans l’au-delà

Pour les Autochtones, la vie dans l’au-delà était une continuation de la vie sur terre. Le défunt était enterré avec tous ses objets familiers pour l’aider dans son dernier voyage. Pour réconforter et diminuer la peine de ceux qui avaient perdu cet être cher, on leur offrait des cadeaux. Après un long et difficile périple, l’esprit de la personne décédée atteignait le «village des âmes», toujours situé à l’Ouest. La vie menée dans ce lieu ressemblait à la vie sur terre. Les esprits des humains, des animaux, des objets animés et inanimés s'y retrouvaient. Tous ces esprits y poursuivaient leur vie, semblable à la précédente. Sous cette forme désincarnée, le chasseur continuait de poursuivre le chevreuil sur ses raquettes.

Croyance aux rêves

Selon les Autochtones, le rêve est le langage de l'âme. Durant le sommeil, tandis que le corps est au repos, l'âme accomplit de multiples actions, aussi réelles que le réel extérieur lui-même. Elle voyage, combat, aime, se réjouit, s'attriste, et surtout manifeste ses désirs, ses volontés.
L'Amérindien restait à l'écoute de ses rêves et les analysait selon ses propres conceptions. Le rêve était interprété comme une visite des esprits. Il pouvait être un présage pour la chasse, une ligne de conduite à adopter ou un conseil pour la vie quotidienne. Le rêve représentait également un mode d'expression des besoins de l'âme qu'il fallait satisfaire. Il exprimait des désirs secrets ou refoulés et soulageait les tensions psychiques et psychosomatiques. Selon les Iroquoiens, plusieurs maladies provenaient d'un désir de l'âme resté inassouvi. Quand le rêve devenait plus difficile à comprendre, on avait recours au chaman pour en saisir le sens. Les Iroquois poussaient très loin l’interprétation des rêves. Dans ce domaine, ils avaient une longueur d’avance sur les Européens des 17e et 18e siècles.

Animaux et protecteurs

Formaient la structure sociale de plusieurs nations. L’emblème du clan était l’ancêtre mythique du groupe ou l’animal protecteur du clan avec lequel une relation privilégiée était établie. Des animaux protecteurs guidaient et protégeaient les nations et les individus. Les animaux représentaient aussi des sources d’enseignement. Leur comportement et leur attitude, leur courage, leur vaillance ou leur détermination étaient donnés en modèle aux jeunes.
Par exemple, les Autochtones accordaient une grande importance à l’ours qu’ils respectaient énormément. Avant de tuer un ours, le chasseur lui chantait une chanson ou lui parlait pour lui dire que sa mort assurerait la survie de sa famille. Souvent appelé grand-père par eux, il symbolisait la force et la vie. Selon les Iroquoiens, le savoir concernant les remèdes leur aurait été transmis par un ours mythique qui l’aurait révélé au clan de l’ours.

Langues 

Pictogrammes autochtones. Les Autochtones d'Amérique du Nord ne connaissaient pas l’écriture avant l’arrivée des Européens. Toutefois, certaines représentations comme des pétroglyphes (documents écrits sur la pierre), des parchemins sur écorce de bouleau (cartes du territoire) et des pictogrammes existaient. Les wampums palliaient également à l’absence d’écriture. Ils permettaient de conserver le souvenir d’événements importants survenus dans la communauté.

Les Iroquois parlaient plusieurs dialectes. Même s'ils provenaient d'une souche commune, les Iroquoiens qui avaient une langue différente pouvaient parfois difficilement se comprendre. Les Iroquois du Saint-Laurent utilisaient aussi une autre variante des langues iroquoises. La langue huronne-wendate était utilisée dans le commerce et les négociations entre nations. Les nations voisines en apprenaient les rudiments pour participer au réseau d’échange.

Les langues autochtones

À partir d’une souche commune, les langues autochtones ont évolué pendant des milliers d’années. Elles se sont perfectionnées et elles se sont différenciées selon l’environnement et le mode de vie des premiers peuples. Les individus appartenant à un même groupe communiquaient grâce à un même langage. Les nations autochtones parlant des langues différentes avaient développé un langage commun afin de pouvoir communiquer entre elles lorsqu’elles se rencontraient pour discuter et faire du commerce. Certaines nations, comme celles qui vivaient dans la région des Plaines, avaient inventé un langage gestuel complexe comprenant près de 1 000 signes différents. Les langues autochtones ne servaient pas qu’à communiquer, elles détenaient aussi un rôle très important comme outil de transmission des connaissances et de la culture chez ces peuples de tradition orale. 

Les anthropologues et les linguistes ont classé les langues autochtones en plusieurs familles linguistiques. Ils sont arrivés à ce résultat en comparant minutieusement les différents mots, leurs significations et leurs prononciations. Chaque famille regroupe un ensemble de nations autochtones apparentées par la langue, c’est-à-dire que leur langue provient de la même souche. Ces nations de même famille linguistique ne partagent pas nécessairement une culture identique. Par exemple, la grande famille algonquienne réunit des nations dispersées depuis les provinces des Maritimes jusqu’à celle de l’Alberta. Au Québec, l’on retrouve des représentants des familles algonquiennes, iroquoienne et eskimo-aléoute. Il ne faut pas confondre les termes algonquiens et iroquois qui représentent des familles linguistiques (un ensemble de nations) et les mots Algonquin et Iroquois qui désignent deux nations spécifiques. Plusieurs langues autochtones sont disparues et, actuellement, certaines sont en voie de s’éteindre. De nombreuses traces des langues autochtones subsistent dans la toponymie et les mots de vocabulaire empruntés aux Autochtones.

La médecine

Les Autochtones avaient acquis d’excellentes connaissances médicales. Les propriétés des plantes médicinales n’avaient plus de secret pour eux et ce savoir-faire était transmis de génération en génération. Leurs manières de soigner les maladies étaient intimement liées à leur spiritualité. Pour chaque type de maladie qui survenait, les Autochtones utilisaient une pratique de guérison différente et appropriée. En plus de soigner les maladies, ils savaient aussi comment soulager une fracture et amputer un membre afin qu'une infection ne se répande pas dans tout le corps.

Types de maladies et causes

Les rites religieux et les rituels de guérison étaient intimement liés chez les Autochtones. Trois sortes de maladie étaient reconnues par les Iroquoiens et, d’une façon semblable, chez les Algonquiens: les maladies d’origine naturelle, celles provenant de désirs insatisfaits ou cachés de l'âme et d'autres causées par des sortilèges. À chaque type de maladie correspondait un traitement approprié, soit des remèdes naturels, la satisfaction des désirs ou le désensorcellement.
Il est difficile de connaître l'état de santé des Autochtones vers 1500. Toutefois, les études paléontologiques, effectuées sur des ossements retrouvés dans les sites archéologiques, ont démontré l’existence de certaines maladies en Amérique du Nord. Des cas de tuberculose, de maladies des articulations (arthrite, rhumatisme), du système respiratoire et du système digestif, d’hépatite, d’encéphalite et de poliomyélite ont été retracés. Cependant, aucune de ces maladies ne semble avoir eu d’effets dévastateurs sur les peuples autochtones.
Étant donné la faible densité des populations et l'éparpillement des groupes sur le territoire, les maladies contagieuses faisaient peu de victimes. Les Autochtones pouvaient contracter une maladie à la suite de la consommation d'une viande infectée ou par une plaie souillée (tétanos). Des accidents faisaient des blessés et même des morts. Quand une grande famine survenait pendant l'hiver, elle pouvait faire de nombreuses victimes. Plusieurs maladies connues en Europe comme la rougeole, la variole, la varicelle et le typhus n'existaient pas en Amérique.
Les Européens décriront les Autochtones comme des gens jouissant d'une excellente santé. On vivait aussi longtemps en Amérique qu'en Europe. Aux 16e et 17e siècles, l’espérance de vie ne dépassait pas 25 ans, ce qui ne signifie pas que tous les individus décédaient à cet âge moyen, car il faut aussi tenir compte, dans ces calculs, du haut taux de mortalité infantile à cette époque. Il pouvait donc arriver que plusieurs individus vivent au-delà de 50 ans.

Les connaissances médicinales

Les remèdes naturels étaient confectionnés à partir de certaines parties de plantes (racine, feuille), d'arbres (écorce, sève) et d'animaux dont les propriétés médicinales étaient bien connues. Ce savoir était transmis de génération en génération dans les familles, souvent de mère en fille, par la tradition orale. La forêt offrait une multitude de plantes pouvant prévenir et guérir de nombreuses maladies. Les plantes médicinales n’étaient pas toutes préparées de la même manière. Elles pouvaient être mastiquées, consommées sous forme d’infusion et également utilisées en cataplasme. Les Autochtones savaient aussi comment soulager une fracture et amputer un membre afin qu'une infection ne se répande pas dans tout le corps.

Les Iroquois du Saint-Laurent connaissaient les bienfaits du cèdre. La tisane de cèdre blanc, riche en vitamine C, donnait un excellent remède contre le rhume et le scorbut. Les symptômes du scorbut étaient la fièvre, l'anémie et des hémorragies. 

 

Les remèdes naturels

Il existait plusieurs formules pour traiter le même malaise. Des écorces bouillies étaient utilisées en usage interne ou externe, en décoction ou en cataplasme, pour guérir différents maux. Par exemple, une décoction d'écorce de pin soulageait la toux et les brûlures. La gomme de sapin était antiseptique et servait comme cataplasme. Elle permettait de soigner les inflammations des poumons, de la vessie et des reins, elle soulageait aussi l’asthme, les blessures et les brûlures. Les feuilles et l’écorce du bouleau étaient aussi utilisées pour soigner certaines maladies de la peau et du foie, le rhumatisme et pour calmer les fièvres sporadiques. De plus, on lui attribuait une propriété aseptique, ce qui expliquerait pourquoi les aliments des Autochtones se conservaient si bien dans les grands paniers d’écorce. L’hart rouge était un excellent vermifuge. La jeune écorce du tilleul servait à soigner les blessures et à soulager les brûlures. Au moment de sa floraison estivale, plusieurs groupes autochtones cueillaient ses fleurs pour préparer des tisanes qui étaient très efficaces pour combattre l’épilepsie, les maux de tête et les spasmes.
Les petits fruits et les plantes forestières ne servaient pas seulement de nourriture, les Autochtones leur reconnaissaient aussi plusieurs propriétés médicinales.

Les propriétés médicinales des animaux étaient aussi bien connues. Par exemple, on employait la graisse d'ours contre les enflures et pour masser les parties douloureuses du corps, comme les jambes après une longue marche. On se couvrait aussi de cette graisse de la tête aux pieds afin de se protéger de la rigueur du climat et des moustiques.

Soins aux malades

À part les remèdes naturels, on retrouvait, parmi les méthodes de guérison, les festins, les danses, les chants, les jeux, les jeûnes et les rituels de purification comme la hutte de sudation (bain de vapeur). Les membres de la communauté conjuguaient souvent leur énergie pour accroître la puissance des rituels de guérison. Si un malade rêvait de sa guérison et exprimait le désir de son âme, qu’il avait vu dans un rêve, son entourage prenait les moyens de le satisfaire afin qu’il guérisse. Les Hurons-Wendats organisaient une de ces célébrations pour les malades, nommée l’Ononharoia. Lorsque le recours aux remèdes naturels et aux efforts de la communauté était épuisé, on sollicitait l’aide du chaman.

Les sociétés de médecine

Parmi les Hurons-Wendats et les Iroquois, il existait des sociétés de médecine. Les plus connues sont la Société des Visages en feuilles de maïs et celle des Faux Visages. L’hiver, les réunions de ces confréries se tenaient presque tous les soirs dans les maisons longues. On renouvelait les anciennes cures pour qu’elles restent efficaces et on en ordonnait de nouvelles. Des hommes et des femmes faisaient partie de ces regroupements. Ils étaient spécialisés dans la guérison de certaines maladies. On devenait membre d’un tel groupe après avoir été guéri par celui-ci. On pensait que plus le nombre d’individus guéris, puis devenus membres de la société, n’augmentait, plus le pouvoir de guérison de la société s'accroissait.
Lors des rituels de guérison, les membres de la Société des Faux Visages portaient des masques en bois sculpté et agitaient des hochets en carapace de tortue. Le masque confectionné soigneusement conférait des pouvoirs de guérison à celui qui le portait. Son allure grimaçante effrayait les esprits qui causaient les maladies.

Les vêtements

La plupart des vêtements se ressemblaient chez les nations iroquoises. Ceux-ci étaient confectionnés surtout à partir de peaux de chevreuil et de différentes peaux d’animaux comme l’écureuil noir, la loutre, le castor, l’ours, le lynx et le renard. Ces peaux, servant à faire les vêtements, étaient portées de deux manières : la fourrure à l’intérieur ou bien à l’extérieur.
La plupart des vêtements étaient amples et confortables. Chez les Iroquois, il était fréquent d’échanger ses vêtements ou de les emprunter. Ainsi un homme pouvait porter un vêtement de femme et inversement, la femme pouvait adopter un vêtement d’homme si elle le trouvait confortable et utile.

Les mocassins

Les femmes confectionnaient les mocassins surtout avec des peaux de cerf, d'ours ou de castor déjà portées, car celles-ci étaient beaucoup plus souples que les peaux n’ayant jamais été portées. Pour les mocassins d’hiver, les femmes rembourraient ceux-ci de fourrure de lièvre. Ces chaussures souples et sans talon étaient conçues pour aller en raquettes. Les mocassins que l’on portait par temps plus chauds étaient beaucoup plus courts que ceux d’hiver montant jusqu’à la mi-jambe. Durant l’été, les Iroquoiens marchaient la plupart du temps pieds nus.

Les mitasses sont une sorte de jambières faites à partir de pattes de chevreuil à l’envers, que l’on portait le poil à l’intérieur. Ces jambières, suffisamment longues pour recouvrir la cuisse, étaient retenues à la ceinture par des petites cordes. Les Iroquois appréciaient les mitasses pour se protéger du froid, mais aussi pour éviter de se faire des égratignures sur les jambes lors des déplacements en forêt ou dans les marécages.

Confection des vêtements

Pour assouplir les peaux, les femmes devaient d’abord les gratter pour enlever autant que possible le gras et la chair.

La préparation des peaux

Les femmes apprêtaient les peaux d’animaux pour en confectionner des pagnes pour les garçons et les hommes, des jupes et des robes pour les filles. Pour la saison froide, elles préparaient des mocassins, des mitasses (une sorte de jambières) et des manteaux longs ressemblant à de grandes capes.
La préparation des peaux comportait plusieurs étapes. Les femmes grattaient d’abord les peaux à l’aide d’un grattoir en os afin d’y éliminer tous les résidus de chair ou de graisse. La peau était ensuite trempée dans l’eau et bien essorée. Pour assouplir la peau, les femmes devaient bien en étirer les fibres en long et en large, car les fibres de la peau risquaient de sécher et de durcir très rapidement. Cette étape d’étirement de la peau exigeait une grande force physique de la part des femmes. Après un deuxième grattage, elles enduisaient la peau d’une graisse faite à partir de la cervelle de l’animal et cousaient celle-ci en forme de tuyau. Les femmes suspendaient alors ce tuyau de peau au-dessus d’un feu de bois pourri, souvent du cèdre. Le tannin contenu dans le bois passait alors dans le tuyau de peau et pénétrait bien celle-ci. Cela permettait aux peaux de bien se conserver, de ne pas pourrir. La couleur obtenue dépendait du temps de fumage de la peau et de l’essence de l’arbre utilisé pour la teindre.

La confection des vêtements

Les femmes iroquoiennes se servaient d'un couteau de pierre pour tailler les peaux et d’une alêne, une sorte de poinçon fait d’os ou de bois dur, pour percer les trous. Comme fil, elles utilisaient surtout du nerf animal (tendons d'orignal, de caribou ou de cerf).
Les Iroquoiennes pouvaient coudre très finement un grand nombre de peaux ensemble. Elles assemblaient également les différentes parties du vêtement en utilisant des boyaux d’animaux desséchés, des nerfs d’orignal effilochés, de fines et minces languettes de peau tannée.
Les Amérindiens appréciaient beaucoup la décoration des vêtements. Ainsi, la majorité des vêtements, même ceux des enfants, étaient décorés avec de beaux motifs peints ou brodés à la main. Les broderies étaient généralement faites de piquants de porc-épic ou de poils d’orignal teints de couleurs variées (jaune, noir, violet et rouge) à partir de teintures naturelles. Diverses retailles de peaux et certaines queues d’animaux étaient utilisées pour décorer les bordures des manteaux.

Les Iroquois portaient un pagne fait d’une peau de chevreuil qui leur servait de cache-sexe. Ce pagne était retenu par une ceinture qui permettait également d’attacher leurs mitasses (jambières). Les hommes avaient l’habitude de fixer des cordelettes de peau à leurs mitasses pour y suspendre leur couteau ou pour se dépanner plus facilement en forêt. Par exemple, ces cordelettes pouvaient servir à confectionner un piège et à fabriquer un outil ou, encore, faire un garrot pour empêcher une blessure de trop saigner.

Les vêtements d'hiver

Par temps froids, ils se couvraient les jambes de leurs mitasses et le haut du corps d’une chemise de peau à manches longues qui descendait jusqu’à la ceinture. Lorsque ces vêtements n’étaient plus suffisamment chauds pour affronter les grands froids, les Iroquoiens ajoutaient une couverture de peaux (capot long) par-dessus ceux-ci.

Les vêtements d'été

Durant l’été, il arrivait que les hommes se couvrent d’une chemise sans manche et qu’ils l’utilisent pour se draper nonchalamment sur un bras ou sur l’autre ou bien ils choisissaient de la rejeter dans le dos en la retenant par deux lacets de peaux noués sur leur poitrine.

Vêtements pour les femmes

Maquillage, coiffes et pendentifs

La sanguinaire. Le latex tiré de la sanguinaire servait aussi à maquiller le corps et le visage en plus d’avoir l’avantage de faire fuir les insectes.

Les coiffes

Plusieurs sortes de coiffes étaient appréciées des nations iroquoiennes. Celles-ci ornaient leur tête telle une couronne décorée avec des plumes ou des becs d’oiseaux, des bois de cervidés ou des poils d’orignal qu’ils avaient teints en rouge. La couronne faite de perles de coquillage n'était, quant à elle, portée qu’à de rares occasions, lors d’événements reliés à la politique ou à la guerre.
Aussi, les Iroquoiens portaient fréquemment le bandeau ou «tour de tête» qu’ils confectionnaient à partir du chanvre teint ou d’une matière végétale, d’une peau de serpent qui pendait jusqu’à mi-jambe ou d’une bande de cuir décorée avec des poils d’orignal.
Les chapeaux ou les bonnets étaient quasiment absents de la tenue vestimentaire des Amérindiens. Le plus souvent, ils allaient nu-tête. Cependant, il pouvait arriver qu’ils ajoutent un capuchon à un vêtement d’hiver, qu’ils se confectionnent un chapeau en écorce de bouleau ou qu’ils transforment une oreille d’orignal en bonnet pour se protéger de la neige tombant des arbres.
Ces coiffes étaient beaucoup moins imposantes que les grands panaches de plumes des nations autochtones des Plaines de l’ouest.

Les pendentifs

Les Autochtones, sauf les vieillards, appréciaient les pendentifs. Par contre, ce sont les femmes qui en portaient une plus grande variété. Toutes sortes d’objets, parfois même très inusités, servaient de pendentifs pour orner le cou, les oreilles, les bras, les poignets, la ceinture, les jambes, les chevilles, etc.
Parmi les coquillages, les griffes ou les poils d’animaux, les piquants de porc-épic, les serres, les bois de chevreuil, les ergots ou l’os d’un orignal, ce sont les carapaces de tortue qui étaient les plus recherchées pour confectionner les colliers, les boucles d’oreilles, les bracelets ou les jarretières.

L'alimentation

Les produits récoltés, comme les courges et les citrouilles, étaient placés dans des greniers souterrains faits par les femmes dans leurs champs. Le fond de ces grands trous d'un mètre à un mètre et demi de profondeur était recouvert d’écorce. Les légumes et les fruits s'y conservaient très bien. La terre, puis la neige qui les recouvraient, empêchaient la gelée de les atteindre. Les citrouilles étaient aussi découpées en longues tranches qu'on suspendait au soleil ou près du feu à l'intérieur de la maison pour les faire sécher. Sèches, elles se conservaient plus d'une année. Les voyageurs en emportaient souvent en voyage. Les petits fruits étaient séchés au soleil afin de les conserver pour l’hiver. Les femmes en faisaient des confitures pour les malades.

Les poissons éventrés étaient étendus sur des treillis faits de perches pour les faire sécher ou boucaner. Quand la température ne permettait pas de procéder ainsi, on plaçait les poissons sur les perches au-dessus des feux de la maison longue. Cette étape de conservation terminée, les poissons étaient mis dans des tonneaux afin d’éviter que les chiens ou les souris s’en nourrissent. La chair de l'esturgeon était découpée en lanières, puis séchée au soleil. Elle servait de nourriture pendant l'hiver. Les Iroquoiens conservaient la viande de cerf en la faisant fumer ou sécher comme les autres viandes ou les poissons. Une bonne partie de la viande était entreposée au village en prévision des festins. La graisse de cerf était employée comme du beurre.

Les réserves de sirop d'érable étaient conservées dans de grands paniers d’écorce de bouleau scellés avec de la graisse d’ours et de la résine de sapin ou d'autres résineux. Ce mode de conservation empêchait le sirop de se cristalliser en sucre. L’eau d’érable transformée en sirop était très importante pour les Autochtones. Elle constituait leur unique réserve en sucre pour toute l’année. C'était une source d’énergie essentielle pour survivre aux grands froids de l’hiver.

La plus grande partie de l'alimentation des Iroquoiens reposait sur les plantes cultivées, surtout le maïs. La chasse ainsi que la pêche avait probablement pris une plus grande place dans la diète des Iroquoiens avant le développement et le perfectionnement de l'agriculture.

Cuisson des aliments

La sagamité était préparée en prenant quelques poignées de farine de maïs qu’on mettait dans un pot rempli d’eau. On faisait bouillir ce mélange en brassant de temps en temps. On obtenait ainsi un potage assez clair. Le pain de maïs était préparé à partir de grains de maïs secs, grillés ou légèrement bouillis. Les femmes les broyaient, puis les pétrissaient en forme de galettes avec de l’eau tiède. On pouvait aussi utiliser la farine déjà prête qu’on mêlait à de l’eau. Selon les saisons, elles ajoutaient à la pâte des haricots cuits, des petits fruits frais ou secs. Ce pain sans levain était cuit sous la cendre chaude, la plupart du temps enveloppé de feuilles de maïs. Il était consommé en sortant du four. Le pain de maïs était parfois cuit en le déposant dans l'eau bouillante.
Les Iroquoises aimaient aussi régaler les visiteurs en leur servant du blé fleuri ou maïs éclaté (pop-corn). Pour préparer le blé fleuri, elles ajoutaient des grains de maïs secs à du sable brûlant. Elles les faisaient cuire jusqu'à ce que les grains éclatent.

Les courges coupées en petits morceaux étaient ajoutées à la sagamité. On les mangeait aussi cuites sous les braises ou bouillies. Le topinambour était consommé cru ou cuit sous la cendre. Certaines noix étaient parfois chauffées pour faciliter leur cassage. Habituellement, on utilisait une enclume de pierre où une petite dépression permettait de les retenir pour les casser. Les glands étaient bouillis à plusieurs reprises dans la cendre pour en diminuer la saveur amère.

Les poissons (esturgeon, saumon, truite, anguille) étaient consommés frais et bouillis, séchés ou fumés. Ils servaient surtout de mets d’accompagnement et ils donnaient du goût à la sagamité. Du corégone bouilli dans de grandes chaudières, les Iroquoiens tiraient une huile douce. Les Iroquois mangeaient aussi des tortues cuites sous les cendres chaudes ou bouillies dans l’eau, les pattes vers le haut. 


11/01/2013
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